Par Cyrille Ahilgo - 11/02/2016 | 4:57
La condamnation requise par le procureur est assortie de la confiscation de tous les biens du mis en cause et objets saisis au cours de la procédure. Pendant près de sept heures, le procureur général et ses trois adjoints se sont efforcés à démontrer la culpabilité d'Hissène Habré, planificateur mais aussi acteur présumé de milliers de crimes commis par ses services de sécurité (armée, garde présidentielle, police politique, brigade d'intervention rapide, milices, ...) durant ses années de pouvoir entre 1982 et 1990. Des crimes ont été commis sur des soldats ennemis dans le cadre de sales guerres, contre les civils d'ethnies jugés rétives, notamment les Zaghawa et le Adjaraï, contre la rébellion des Codos dans le sud du pays, contre des opposants politiques, réels ou supposés, et leur famille.
L'accusation s'est également longuement étendue sur les moyens utilisés par le pouvoir d'Hissène Habré pour écraser toute contestation et qui allaient de l'enlèvement aux pillages en passant par les tortures, les détentions dans des conditions inhumaines, des exécutions extrajudiciaires ou encore des viols.
Pour le procureur général des CAE (Chambres africaines extraordinaires), constituées spécialement pour juger l'ancien président tchadien, la position d'autorité suprême de ce dernier face à la vulnérabilité des victimes qu'il avait la charge constitutionnelle de protéger, fait qu'il ne peut bénéficier d'aucune circonstance atténuante.
Ce jeudi, ce sont les avocats de la défense commis d'office par le président des CAE qui présenteront leurs plaidoiries, Hissène Habré ayant refusé de reconnaître l'autorité du tribunal qui le juge. Le verdict de ce procès inédit est attendu au plus tôt, pour fin mai.