Le charme discret de l'intestin, Giulia Enders

Par Soukee

Le charme discret de l'intestin est un essai de la toute jeune chercheuse allemande en médecine Giulia Enders paru en avril 2015 chez Actes Sud. Récompensé par le Prix de la Nuit de la Science à Berlin, cet essai un peu intimiste à l'origine est un succès inattendu en librairie publié dans une trentaine de pays.

L'intestin, cet organe mal aimé - comme l'indique la couverture - recèle en réalité moult trésors... C'est en faisant des tests sur son alimentation et en cherchant les causes d'une maladie de peau importante qui se déclare lorsqu'elle a dix-sept ans que l'auteure fait d'importantes découvertes. Et si l'on n'attachait finalement pas assez d'importance à celui que la médecine chinoise appelle notre deuxième cerveau ? Et si finalement, l'adage "je suis ce que je mange" était une réalité ? Et si des choses aussi diverses que l'irritabilité, la dépression, le diabète, le surpoids ou encore des problèmes dermatologiques étaient dus à un déséquilibre de cet organe ? Giulia Enders s'attèle à rétablir la vérité et à restaurer la légitimité de l'intestin en nous invitant à une visite guidée au coeur de notre système digestif, en faisant le point sur les dernières recherches sur le sujet et expliquant très clairement le rôle des bactéries dans notre corps et la différence entre prébiotiques et probiotiques.

Passionnant, je n'aurais pas d'autre mot ! Cet essai est un régal de vulgarisation scientifique, accessible à tous. Je me suis régalée à découvrir ce qui se passe réellement en nous dès que nous ingérons de la nourriture, comprendre le mécanisme en oeuvre lorsque nous vomissons ou encore comment notre flore intestinale est constituée. En ouvrant Le charme discret de l'intestin, vous découvrirez par exemple que les antibiotiques ingérés par les volailles nous sont transmis lorsque nous les mangeons et peuvent causer des dérèglements de notre flore intestinale, qu'une dépression peut cacher un dysfoncionnement de l'intestin ou encore que notre goût pour le sucre est dû en partie au fait que notre cerveau est ravi de recevoir un aliment facilement assimilable et transformable en énergie et nous le fait savoir.

Le gros point fort de cet essai est d'être très drôle et de traiter ce sujet éminemment tabou de notre société avec légèreté et recul. Les bactéries se transforment en petits soldat qui mènent une guerre sans merci dans nos entrailles, nos sphincters se transforment en petits personnages et le gros intestin en paresseux un peu mou. Illustrés par sa soeur, les propos de Giulia prennent une toute autre dimension et évitent de sombrer dans l'écueil de l'essai scientifique rasoir par excellence. On rit, on s'interroge, on s'exclame aussi, en lisant ces pages, et les petits dessins de Jill Enders participent du charme de l'ensemble. 

Peut-être que dis comme ça, je ne vous passionne pas, mais faites-moi confiance ! (et faites confiance aussi au succès surprise bien mérité de ce livre ) Je suis intarissable sur cet essai depuis que je l'ai lu et je l'ai déjà conseillé à pas moins de dix personnes de mon entourage, mue par un enthousiasme que j'espère contagieux. C'est honnêtement un livre qu'il serait bon de mettre dans toutes les mains. Tout le monde a quelque chose à y apprendre sur son propre corps... Et zou ! Même si l'appellation me gêne, c'est quand même un coup de coeur !

J'ai découvert cet essai en lecture commune avec Tiphanie. Elle a été conquise elle aussi, n'hésitez pas à aller lire son billet !