Le Garçon et la Bête conte l'histoire du jeune Ren fuyant son foyer quand il s'aperçoit, après la mort de sa mère, que son père ne viendra pas le chercher. Errant au cœur d'une ville zombique, il tombe nez à nez sur deux mystérieuses silhouettes qu'il décide de suivre. Il se retrouve alors dans le monde des Bêtes, un monde caché, parallèle à celui dont il vient. On comprend vite que cet univers est un double du premier, dépourvu de sa noirceur. Dès lors, Ren devient le disciple de Kumatetsu, décidé à le former à ses dépens afin de succéder à l'Empereur. Cette bête solitaire, colérique, mais pas moins attachante va peu à peu prendre l'image d'un père pour Ren, en même temps que celle d'une créature de son fort intérieur en pleine mutation. Car il s'agit autant d'un film sur la transmission que sur le passage de l'enfance à l'adolescence. Ainsi, l'instinct primaire représenté par Kamatetsu exprime celui encore en sommeil de Ren. Toute une série de caractères vont alors être mis en scène et constitueront la personnalité future du jeune Ren: courage, orgueil, persévérance, désaffection, reconnaissance... autant d'affects qui le forgeront. Mais son histoire va le rattraper et son désir de retrouver son père et de vivre parmi ses semblables va l'entrainer dans un aller-retour permanent entre le monde des Humains et celui des Bêtes.
Le film, admirablement rythmé, parvient à lier les contraires: à la fois grave et comique, où les drames côtoient toujours la légèreté et l'optimisme. On en sort munie d'une étrange mélancolie, égale à celle du personnage, devenu un jeune adulte et qui contre toute attente s'insère dans la société des hommes. C'est dans cette fin que le film se perd, tant on se dit que cette histoire, qui n'est autre qu'une quête de soi, aboutit finalement à un retour au social calme et résigné. Malgré tout, Ren emporte avec lui la trace de Kamatetsu, tapi au fond de lui, qui le protège du désespoir du monde humain.
le 28/01/2016The following two tabs change content below.