Plastic Planet, Werner Boot

Publié le 06 septembre 2015 par Iamalittledrop @iamadrop

    Werner Boot, journaliste et réalisateur du reportage Plastic Planet, est un enfant de la génération du "tout plastique". Comme moi, il a grandi entouré de cette matière colorée, souple, qui permet à la plupart de nos jouets d'enfants d'avoir des formes diverses et variées. Désormais le plastique fait partie de notre culture; aucun foyer ne s'en passe complètement. Même pour les plus réfractaires, il s'immisce partout et il est difficile de s'en défaire. Seulement cette matière n'est pas neutre comme on a pu nous le faire croire depuis son apparition. Ce reportage a justement pour but de défaire cette fausse réputation construite par les industries. Alors, vraiment inoffensif ce plastique ? 
Les origines du plastique
En 1907, le chimiste Léo Hendrik Baekeland met au point la bakelite, le premier produit entièrement synthétique fabriqué à partir de pétrole. L'ère du plastique commence, et sonne le glas à la seconde industrialisation. Aujourd'hui soixante millions de tonnes de plastique sont produits chaque année en Europe, c'est-à-dire 25% de la production mondiale. Cette matière si pratique (qui vient du grec plastikos, "propre au modelage"), est au départ sous forme de poudre ou de granulés. Les fabricants de bouteilles en plastique ne sont pas en mesure de connaître la composition exacte de ces granules de départ. Il y a donc une négligence avant même l'existence du produit fini. 
Les risques liés à la matière 
Rien ne doit s'échapper du plastique, une fois la matière solide, elle doit être indolore. Pourtant, des études de chercheurs indépendants montrent que certaines substances chimiques s'échappent des bouteilles. On peut nommer certains produits ignifuges, comme le tributylétain, une substance chimique potentiellement androgène (inducteur de l'apparition d'un pénis chez la femelle boulot), mais aussi du bisphénol A, et des phtalates. Le problème de ces composés, comme les phtalates, c'est qu'ils se détériorent lentement. Il faut 200 ans pour qu'une matière plastique se décompose entièrement, et durant cette période, elle aura libéré des matières délétères pour l'environnement. Le plastique présente aussi des risques sanitaires: il s'infiltre dans notre alimentation et dans nos cellules... Il suffit d'érafler une bouteille en polycarbonate pour que des monomères soient libérées. Ne croyez pas non plus que le plastique intact est inoffensif, l'usure du temps et la chaleur suffisent pour libérer ses composés toxiques. Et, pour en rajouter une couche, nous mangeons du poissons qui s'est auparavant nourri de planctons à la surface de l'océan pollué d'infimes particules plastiques, qu'on appelle communément "larmes de sirène".

Une pollution invisible... 
- Celle de nos océans, mers et rivières 
Nous ne sommes pas conscients des dégâts causés par la pollution du plastique. Étonnement, ce n'est pas directement nos déchets qui polluent les eaux sur Terre. L'entretien de nos vêtements synthétiques est la cause principale de cette pollution*. Une équipe anglaise de l'université de Plymouth (Angleterre) a montré que près de 80% des particules piégées dans les sédiments côtiers sont des morceaux de fibres synthétiques issus de l'industrie textile. Les chercheurs ont prélevé des échantillons sur 18 sites côtiers sur les 5 continents. C'est de cette manière qu'ils ont découvert qu'en lavant nos vêtements synthétiques, nous polluons les océans. Une pollution qui, comme on s'en doute, a des répercutions sur l'écosystème: 267 espèces dans le monde sont touchées par ces macrodéchets*. Le reportage prend l'exemple de l'albatros Midway, qui meurt la plupart du temps l'estomac rempli de plastique.




- Celle de notre organisme 
L'un des composés présents dans les matières plastiques le plus incriminé est le bisphénol A. Cette substance, maintenant répertoriée comme l'un des principaux perturbateurs endocriniens, imite les hormones. Celles-ci envoient alors des signaux aux cellules pour qu'elles agissent. Si les signaux sont envoyés à un moment inadéquat ou qu'une quantité anormale d'hormones parvient au fœtus, il peut être modifié pendant son développement, et ces mutations peuvent perdurer durant trois générations. Le bisphénol A a pour particularité de détruire les cellules et de perturber les signaux de l’œstrogène, une hormone qui agit sur le développement du cerveau. Pour les produits qui agissent comme des perturbateurs endocriniens, il suffit de renifler le produit pour paniquer les cellules. 
   Nonyphénole, plastifiants, phtalates, produits ignifuges, tributylétain, mercure... Toutes ces substances ont introduits du poison dans nos veines. Le plastique ne tuent pas, certes, mais il détériore la qualité de nos vies: asthme, obésité, troubles fonctionnels du cerveau, fausses couches... Le reportage se termine par une tentative de Werner Boot d'entrer une dernière fois en contact avec le président de PlasticsEurope, une association qui représente la chaîne européenne de fabrication du plastique. Etudes en mains (plus de 700 au total, provenant de différents scientifiques indépendants), il se rend à un salon où bien entendu, il se fait gentiment mettre à l'écart. Contre les 700 études qui prouvent que le plastique est une matière dangereuse pour la santé humaine et animale, seules 10 études protègent le plastiques, et elles sont toutes financées par des multinationales.
* source: "Les océans ne seront plus une poubelle", Consommez écologique, Matthieu Combe © Sang de la Terre 2014
Agir contre cette pollution ?
- Éradiquer, comme moi, le plastique de votre vie en produisant un minimum de déchets.
- Participer à des actions de nettoyage des côtes (l'association Surfrider Foundation Europe organise depuis 15 des Initiatives océanes pour préserver les littoraux.)