Cette étude de l’Université de Caroline du Nord qui révèle l’efficacité du traitement antirétroviral dans le tractus génital féminin aura des implications importantes pour de nouvelles stratégies de prévention du VIH, mais aussi pour le développement de nouveaux traitements et d’un vaccin. En effet, ces chercheurs décryptent, pour la première fois, dans le Journal of Clinical Investigation, comment la thérapie antirétrovirale (TARV) affecte la diffusion du VIH et réduit l’infection au niveau de l’appareil génital féminin.
35 millions de personnes vivent avec le VIH et 2,1 millions de personnes sont infectées chaque année. Un essai clinique récent a montré l’efficacité de la PrEP (ou prophylaxie pré-exposition par antirétroviraux) contre la transmission hétérosexuelle secondaire en particulier lorsque le partenaire infecté reçoit le traitement de manière précoce. De plus la transmission vaginale représente la majorité des nouvelles infections à VIH dans le monde. Et » le virus va très vite à l’appareil reproducteur féminin « , explique le Pr J. Victor Garcia, coauteur de l’étude et professeur de médecine à l’Institute for Global Health & Infectious Diseases.
Les cellules T CD4 infectées par le VIH migrent vers l’appareil reproducteur féminin très rapidement après l’exposition. Mais les chercheurs constatent aussi ici, sur des modèles de souris que les cellules T CD8, des cellules de l’organisme qui combattent l’infection, sont retardées pour se rendre à l’appareil reproducteur féminin. Ce délai permet au virus non seulement de s’installer tranquillement dans le tractus génital féminin, mais aussi dans les sécrétions cervico-vaginales. Et cela, avant que les cellules T CD8, censées protéger contre l’infection soient encore parvenues dans le tractus génital féminin.
Quand on pense au vaccin contre le VIH, cette information est essentielle. Cependant, une fois que le TARV a été donné aux souris, le nombre de cellules infectées dans le tractus génital et les secrétions cervico-vaginales diminué considérablement. Le virus est toujours » résiduel » dans l’appareil reproducteur féminin, mais à un niveau trop faible pour transmettre l’infection.
Les chercheurs concluent sur l’importance d’éliminer le virus au niveau de l’appareil reproducteur féminin qui semble donc, avec ces nouvelles données, jouer le rôle clé de réservoir de virus, même au cours du traitement. Ces résultats sont en faveur de thérapies combinées, dont avec thérapie topique ou locale pour éliminer prioritairement le virus, et de manière précoce au niveau même du tractus génital féminin. On pense bien évidemment aux virucides, sur lesquels des progrès considérables restent encore possibles.
Source: Journal of Clinical Investigation February 8, 2016doi:10.1172/JCI64212 ART influences HIV persistence in the female reproductive tract and cervicovaginal secretions