Sans pathos excessif, Sophie Divry nous invite dans le quotidien d'une chômeuse longue durée. Les mots justement choisis nous montrent une réalité crue : le manque d'argent, la faim, les procédures administratives complexes, les petits boulots où l'on est exploité. Ce roman oscille en permanence entre une approche terre-à-terre du chômage et des moments complètement hors du temps tant la narratrice croit en son projet d'écriture, qui lui permet de tenir lorsque la faim la tenaille.
La narratrice se prénomme Sophie, elle est écrivain et vit à Lyon. Evidemment, la perche est tendue pour que le lecteur s'interroge sur le caractère autobiographique de ce roman. L'auteur, elle, a pris ce roman comme un jeu, celui d'inventer un personnage de fiction qui pourrait lui ressembler sans être tout à fait elle, histoire de brouiller intentionnellement les pistes. D'ailleurs, tout le roman est construit comme un jeu, avec ses caractères typographiques différents, ses litanies qui expriment le brouhaha des réunions de famille, ses dessins, etc.
Alors qu'un grand nombre de romans se ressemblent, Quand le diable sortit de la salle de bain est une véritable bulle d'oxygène. J'ai aimé le ton direct, humoristique et un brin impertinent de Sophie Divry. L'écriture à la première personne et le maniement du second degré apportent fraîcheur et légèreté à un discours peu réjouissant de prime abord.
Un roman improvisé, interruptif et pas sérieux, que j'ai pris beaucoup de plaisir à lire et que je vous invite à découvrir grâce à cet extrait (pdf).
Quand le diable sortit de la salle de bain - Sophie Divry - Editions Noir sur Blanc - 2015