Ils ont bien poussées, nos braves souches - les sarments de certains Mourvèdres me
dépassent déjà - et ne me dites pas, qu'avec mes 160 cm, ce n'est pas difficile... la pluie de fin Mai /début juin leur a fait du grand bien, à part quelques secondes un soir, où on
entendait le tambourinement de quelques grêlons pendant l'orage et où tout le monde retenait son souffle, je les ai entendu chanter de joie cette année.
Ils n’ont pas d'avance sur d'autres années, printemps vraiment pas caniculaire oblige, je dirais même, plutôt 8 à 10 jours de retard sur l'année dernière, la fleur est en
cours ou commence tout juste, selon les cépages. Mais ils se portent droit comme des I, sans aucune tache de maladie et avec une très belle sortie de grappes
florales.
Aujourd'hui, après un dernier orage hier soir, qui nous a plus tourné autour que de nous arroser, ils se régalent du retour de la Tramontane, notre Mistral à nous par ici, qui leur
apporte un climat sain, sans humidité et moiteur, qui pourront leur apporter des champignons, que mes collègues doivent craindre sous d'autres climats de la France et sur des
terroirs moins bénis que nos pentes.
Je leur souhaite à eux tous aussi une météo plus de saison et plus stable, qui leur permettra, de rattraper les dégâts, que le temps pourrie, qu'ils ont du subir, leur a déjà apporté
- que cela soit raisonné, irraisonné, bio ou dynamique, chacun met son cœur dans son travail et mérite un peu de soutien de la part des cieux!
La solidarité je'en vois en ce moment tout les jours dans la vigne:
que ce soient les sarments, qui se lient entre eux, pour plus de soutien
parfois dans des enlacements étroits, presque intimes
pour se protéger contre la force du vent
ou que ce soient les buissons fleuries entre les terrasses, qui ne me font pas seulement plaisir à voir et à sentir, quand je travaille dans le terrain, mais qui servent aussi comme hôtes pour tous les insectes, utiles à la nature, qui y viennent butiner
que se soient les rosiers sauvages dans les talus
les genêts odoriférants au bord des murs
ou mes préférés, ces délicats fleurs de chèvrefeuille, dont je vous ai sûrement déjà raconté, quelle était ma surprise, de retrouver leurs arômes dans les cuvées jeunes de Mourvèdre la première année d'élevage...
Entre les souches pousse un tapis de milles fleurs de l'enherbement naturel, que nous sommes en train de faucher
Cela fait presque mal au cœur, de détruire tant de beauté, j'en sauve des petits bouquets à chaque balade dans la vigne
mais je sais, que les souches vont être contentes, d'être débarrassées de ce tapis, qui risquait d'accumuler
l'humidité et créer un microclimat favorable aux maladies, si on le laissait trop proliférer. De toute façon: nous allons tous les revoir l'année prochaine, il y a assez de graines, qui passent à
travers, sans parler des bisannuelles et des plantes, qui vont repousser de leurs racines, qu'ils plongent parfois jusqu'à 2,50 m, comme echium vulgare, qu'on voit à gauche dans mon
bouquet.
Et avec un peut de chance, nous apercevront d'autres auxiliaires, qui œuvrent ensemble
dans ce biotope
des petits, qu'on peut voir dans chaque jardin et qui travaillent en plein jour, à ramasser le nectar et transporter le pollen
et d'autres, plus secrets, comme ce petit bufo, le crapaud commun, très utile comme insectivore et amateurs de petits mollusques
ou son ennemie naturel, la couleuvre (viridiflarus ?), qui s'occupe de petits rongeurs, coléoptères et escargots -
et parfois aussi de Monsieur Bufo - qui fait de son mieux, pour échapper au danger
Mais ce coup-ci nous les avons rencontrés séparément et la couleuvre m'a même permit de la prendre en portrait, sans problèmes, avant de se retirer avec un mouvement élégant dans le couvert..
Vous voyez, on n'est jamais seul dans la vigne - et tout ce monde contribue à son niveau à sauvegarder notre l'équilibre de notre environnement et à créer les conditions les meilleurs pour nos vignes et leurs raisins - même si je sais, que de l'autre côté, on nous voit quand même peut-être plutôt comme intrus - mais je pense, ils pourront avoir pires occupants dans leur territoire...