La musique de Stranded Horse m'avait laissé jusque-là sur le bord de la route. Bien sûr, je la trouvais belle, riche mais elle ne parvenait pas à me toucher vraiment. Je la trouvais austère. Sur ce "Luxe", je trouve qu'elle se pare enfin de chaleur, de langue française plus proche, plus originale, qu'elle s'ouvre davantage. Elle devient ce qu'elle aurait dû être dès ses débuts : un intense melting pot de culture, mélangeant les rythmes africains avec la chanson française et le folk anglo-saxon avec une emprunte mélancolique si caractéristique, un minimaliste forcené et salvateur dans les arrangements. Yann Tambour n'est plus dans la recherche de respectabilité et de légitimité propres à tous occidentaux s'essayant à un instrument étranger, qui n'est, par défaut, pas le sien. Il s'est débarrassé de toute volonté démonstrative, laissant même Boubacar Cissokho l'épauler à la kora. Il a aussi invité Éloïse Decazes, moitié féminine des excellents Arlt, groupe de folk français majuscule pour quelques titres de toute beauté, comme l'entrée en matière, "Monde". La musique de Stranded Horse n'est plus enfermée dans un carcan étriqué, tout lui semble désormais possible ou presque.
Après, il y a bien une baisse sensible d'inspiration en fin de parcours. Mais jusqu'à "My Name Is Carnival", le voyage est déjà si beau que je n'ai qu'une envie : refaire le parcours, encore et encore.