Bastide provencale

Publié le 09 février 2016 par Aelezig

Une bastide avait à l'origine le sens d'exploitation agricole communautaire, pour prendre le sens de maison durant le XIXe siècle.

Aux XVIIe et XVIIIe siècles, la bourgeoisie urbaine, enrichie par le commerce et la fonction publique, acquiert des terres où elle installe des villégiatures champêtres. Ces nouveaux domaines sont de véritables entreprises agricoles à l'activité bien définie : élevage, vigne, cultures maraîchères, etc. Ils comportent la maison du maître et la maison de l'intendant ou régisseur, ainsi que des dépendances considérables et des logements en grand nombre (pour les ouvriers). Lorsque la maison du maître est non pas sous le même toit que la maison du fermier ou du métayer mais nettement séparée de cette dernière, il s'agit d'une « bastide ». Ce type, répandu dans le pays d'Aix et la région de Rognes, se rencontre également à l'extérieur de cette zone, jusqu'à Pertuis, Jouques, et le haut Var. 

La bastide désigne aujourd'hui seulement la maison du maître, et se présente comme un bâtiment isolé, généralement imposant sous une couverture à quatre eaux. Sa façade, à l'ordonnance symétrique, est traitée dans le goût noble de son époque.

Il arrive que la bastide elle-même se soit transformée en exploitation rurale lorsque le propriétaire urbain n'a plus eu que la ressource d'exploiter lui-même son domaine.

Compartimenté dans le sens de la longueur, ce type de maison, qui ne comporte qu'un étage, représente un stade d'évolution défini comme une maison à terre par opposition à la maison en hauteur spécifique du village ou de la ville. Il est caractéristique de l'habitat dispersé. C'est l'habitation traditionnelle des pays de « riche culture ».

Ce type de maison est divisé en deux parties très distinctes dans le sens de la longueur. Le rez-de-chaussée est occupé par une salle commune dans laquelle est intégrée la cuisine. Très souvent se trouve à l'arrière un cellier contenant la réserve de vin et une chambre. Un étroit couloir, qui permet d'accéder à l'étage, sépare cet ensemble de la seconde partie réservée aux bêtes. L'étage est réservé aux chambres et au grenier à foin qui communique avec l'étable et l'écurie.

À cet ensemble s'ajoutaient des annexes. Une des principales était la tour du pigeonnier, mais la maison se prolongeait aussi d'une soue à cochons, d'une lapinière, d'un poulailler et d'une bergerie

La construction d'un tel ensemble étant étalée dans le temps, il n'y avait aucune conception architecturale pré-établie. Chaque propriétaire agissait selon ses nécessités et dans l'ordre de ses priorités. Ce qui permet de voir aujourd'hui l'hétérogénéité de chaque ensemble où les toitures de chaque bâtiments se chevauchent généralement en dégradé.

Chaque maison se personnalisait aussi par son aménagement extérieur. Il y avait pourtant deux constantes. La première était la nécessité d'une treille toujours installée pour protéger l'entrée. Son feuillage filtrait les rayons de soleil l'été, et dès l'automne la chute des feuilles permettait une plus grande luminosité dans la salle commune. La seconde était le puits toujours situé à proximité. L'approvisionnement en eau était très souvent complété par une citerne qui recueillait les eaux de pluie de la toiture.

Le pigeonnier devint après la Révolution la partie emblématique de ce type d'habitat puisque sa construction signifiait la fin des droits seigneuriaux, celui-ci étant jusqu'alors réservé aux seules maisons nobles. Il était soit directement accolé à la maison soit indépendant d'elle. Toujours de dimension considérable, puisqu'il était censé anoblir l'habitat, il s'élevait sur deux étages, le dernier étant seul réservé aux pigeons. Pour protéger ceux-ci d'une invasion de rongeurs, son accès était toujours protégé par un revêtement de carreaux vernissés qui les empêchait d'accéder à l'intérieur.

D'après Wikipédia