Pas de quotidiens dans les kiosques ce matin. La grève de la CGT du livre vient une nouvelle fois interdire la distribution des quotidiens, et une fois de plus faire marquer des points aux quotidiens gratuits. Ce matin, dans le RER, je regardais mes voisins avec leur Métro ou 20 minutes, (par chance on est jeudi et j’avais encore mon Canard d’hier ;-). Et en regardant tous ces lecteurs je me rappelais d’une journaliste de l’agence Bloomberg d’origine indienne récemment arrivée en poste à Paris. Elle me faisait part de son étonnement devant le nombre de lecteurs dans les transports en commun. Pour elle la France se présentait comme un pays dans lequel on lisait beaucoup, notamment les journaux. Mais voilà, encore faut-il les trouver ces journaux. Aujourd’hui c’est une grève, mais les autres jours, bien avant le coût ou la qualité des journaux, la distribution me paraît être le point faible si ce n’est LE problème majeur de la presse quotidienne.
Deux anecdotes pour illustrer ce problème. L’autre samedi, je me trouvais au Centre Commercial de Rosny 2, à la frontière de la Seine-Saint-Denis et du Val-de-Marne. Rosny 2 est qualifié de centre commercial Régional, c’est dire son importance, mais justement, pour un centre commercial régional, il n’y a pas de kiosque à journaux, ni de librairie d’ailleurs. Tout juste peut-on trouver quelques journaux et magazines au tabac, et le Parisien édition 93 chez Carrefour. Je vais donc au tabac. A la question avez-vous le Monde ?, on me répond oui, mais celui d’aujourd’hui. Dessin de Plantu en une aidant, c’est celui de la veille. Oui, mais daté d’aujourd’hui me répond la dame du tabac, vous savez on nous livre le matin, donc on a le Monde de la veille daté du jour, et le samedi, on n’a jamais le Monde du week-end.
C’est la banlieue et c’est normal me direz-vous peut-être ? Et il est vrai qu’en banlieue au mois d’août par exemple, l’achat du Monde ressemble parfois à une découverte du département si l’on n’a pas pris la direction de Paris intra-muros, tant il est difficile de trouver un marchand de journaux ouvert.
Et à Paris alors ? Deuxième anecdote, malheureusement récurrente. Je travaille dans le 8ème arrondissement de Paris, rue la Boétie exactement. Le soir, si je pars après 19h30, il est impossible d’acheter le Monde, ou tout autre journal, sauf à se rendre sur les Champs-Elysées, mais ce n’est pas mon chemin, où aller jusqu’à la gare Saint-Lazare, et enfin trouver un kiosque ouvert sur les quais. Sur le trajet entre Miromesnil et Saint-Lazare, tout est fermé. D’abord il y a les kiosques qui sont définitivement fermés, comme ceux du boulevard Haussmann, et puis il y a ceux qui ferment tôt (normal on est à Paris, petite sous-préfecture de province ;-) comme le grand kiosque à journaux au niveau de Saint-Augustin, entre Haussmann et le Cercle Militaire ! Paris est peut-être la ville lumière, mais pas celle de la presse, et quand on veut construire, un Grand-Paris ou un Paris-Métropole et faire face à ses concurrentes internationales, il faudrait peut-être commencer par perdre ses habitudes de sous-préfecture de province. *
Jean-Paul Chapon
* Que les sous-préfectures de province me pardonnent cette figure de style facile et aujourd’hui dépassée ;-) Cela me rappelle du coup une troisième anecdote, beaucoup plus ancienne. Je passais quelques jours à La Voute-Chilhac, dans la Haute-Loire, à cinq heures de trains de Paris. Je me rends au tabac-presse-articles de pêche, pour acheter le journal. Pas de Monde me dit-on, pas de Libération ou encore de Figaro. Vous comprenez, les journaux parisiens arrivent avec 24 à 48 heures de retard, alors on les prend l’été quand il y a des touristes. Bref je me rabats sur La Montagne que j’aurais de toute façon acheté, j’aime bien la PQR (Presse Quotidienne Régionale).