Au même titre qu’un être humain calibre son discours en fonction de son interlocuteur, un assistant virtuel doit s’adapter à son propriétaire.
Nous proposions récemment une prise de vue générale sur le marché de l’assistant virtuel, les applications potentielles et les défis à venir. Nous allons désormais nous pencher sur la manière dont l’assistant virtuel peut tisser des liens avec son propriétaire, s’adapter à celui-ci et répondre au mieux à ses attentes. Un enjeu crucial pour l’adoption de cette technologie, avec laquelle de nombreux humains ont la sensation de plonger dans l’inconnu.
Jeune pousse de Paolo Alto spécialisée dans l’élaboration de logiciels capables de converser avec des humains, Robin Labs est principalement connu pour son produit phare, Robin, un assistant virtuel conçu pour la conduite. Il permet à son propriétaire d’envoyer des messages, s’informer sur le trafic, trouver une place de parking, vérifier sa direction, consulter les conditions météorologiques ou encore faire un saut sur Twitter uniquement à l’aide d’injections et réponses vocales, et donc sans quitter la route des yeux.
Un robot impertinent
Cet assistant virtuel se démarque également par la volonté de son créateur, Ilya Eckstein, d’en faire un partenaire de discussion stimulant, doté d’une personnalité propre, au-delà de son aspect purement utilitaire. Un élément qui selon certains experts serait déterminant pour le succès et l’adoption massive de cette technologie.
Lors du Virtual Assistant Summit organisé par RE.WORK à San Francisco, Ilya Eckstein a ainsi fait part au public d’une statistique étonnante : parmi les dizaines de milliers de conversations entretenues entre Robin et ses utilisateurs, le mot « love » figure parmi les dix termes qui reviennent le plus souvent. Un élément plutôt inattendu dans une conversation avec un robot, qui peut notamment s’expliquer par le fait que les utilisateurs tendent à humaniser une intelligence artificielle capable de soutenir une conversation comme un être humain. « C’est sans doute lié au fait que Robin possède sa propre personnalité, avec un caractère parfois impertinent, sarcastique, qui plaît à de nombreux utilisateurs. » a ainsi affirmé Ilya Eckstein.
Une capacité d’adaptation sociale
Néanmoins, si doter son assistant virtuel d’une personnalité propre peut renforcer l’affection de certains utilisateurs, cela peut aussi déplaire à d’autres : tout le monde n’apprécie pas l’humour de la même manière, et certains usagers souhaitent que leur robot se cantonne à des tâches bien précises sans s’efforcer de faire la conversation. C’est pourquoi, selon Ilya Eckstein, il est capital que l’assistant virtuel soit capable d’interpréter les réactions de son utilisateur, de cerner sa personnalité et capter ses attentes pour mieux s’adapter à celles-ci.
Robin est ainsi capable de classer les utilisateurs en plusieurs catégories, en fonction de leur attitude et de leurs réactions à ses propos. Le robot place ainsi les utilisateurs sur un repère orthonormé, avec en ordonnées la plus ou moins grande propension à la discussion, et en abscisse la priorité donnée à l’accomplissement des tâches ou à la communication. En fonction de la manière dont l’utilisateur se positionne sur ce spectre, l’assistant peut opter pour une attitude très professionnelle, centrée sur les tâches à accomplir, sans parlote inutile, ou au contraire pour un comportement plus humain, porté sur la conversation, en passant par plusieurs attitudes intermédiaires.
Il est ainsi possible de construire une intelligence artificielle dotée de sa personnalité propre, mais capable de s’adapter avec souplesse aux différents profils de ses utilisateurs pour trouver une attitude correspondant à chacun. Si sa personnalité demeure identique, sa manière de s’exprimer, son volume de paroles, son registre de langage et ses suggestions varient donc en fonction de son interlocuteur. Comme sait le faire un être humain normal, en somme.