Magazine Culture
Le livre :
Le testament de Marie de Colm Tóibín aux éditions Robert Laffont, 121 pages, 14 € 00.Publié le 20 août 2015
Pourquoi cette lecture :
C'est un ouvrage que j'avais repéré pour la rentrée littéraire de septembre 2015, mais je n'avais pas encore eu l'occasion de le lire. J'avoue que c'est le point de vue qui m'a attiré après...
Le pitch :
Ils sont deux à la surveiller, à l'interroger pour lui faire dire ce qu'elle n'a pas vu. Ils dressent de son fils un portrait dans lequel elle ne le reconnaît pas et veulent bâtir autour de sa crucifixion une légende qu'elle refuse. Seule, à l'écart du monde, dans un lieu où elle ne risque rien, elle tente de s'opposer au mythe que les anciens compagnons de son fils sont en train de forger. Lentement, elle extirpe de sa mémoire le souvenir de cet enfant qu'elle a vu changer. En cette époque agitée, prompte aux enthousiasmes comme aux sévères rejets, son fils s'est entouré d'une cour de jeunes gens arrogants, prêts à semer le trouble, infligeant leur morgue et leurs mauvaises manières partout où ils passent. Peu à peu, ils manipulent le plus charismatique d'entre eux, bâtissent autour de lui la fable d'un être exceptionnel, capable de rappeler Lazare du monde des morts et de changer l'eau en vin. Et quand, politiquement, le moment est venu d'imposer leur pouvoir, ils abattent leur dernière carte : ils envoient leur jeune chef à la crucifixion et le proclament fils de Dieu. Puis ils traquent ceux qui pourraient s'opposer à leur version de la vérité. Notamment Marie, sa mère. Mais elle, elle a fui devant cette image détestable de son fils, elle n'a pas assisté à son supplice, ne l'a pas recueilli à sa descente de croix. A aucun moment elle n'a souscrit à cette vérité qui n'en est pas une.
Ce que j'en pense :
Marie, mère de Jésus, on croit la connaître. On en a même une représentation graphique assez précise que l'on soit croyant ou non. Il y a une certaine familiarité avec elle tout en étant forcément un peu intimidé. Marie quoi ! Et là, je trouve une femme assez terre à terre, plutôt cartésienne. C'est une mère quasi ordinaire. Elle héberge chez elle ce que l'on suppose être deux apôtres ou des personnes qui veulent écrire sur la destinée de son fils, qu'elle n'aime pas spécialement. Elle est dans une situation peu confortable, mais dont elle s'accommode. Elle me surprend.
Marie est seule, âgée. Elle est vulnérable et pourtant si forte. Elle parle au lecteur via un monologue qui n'ennuie personne. On l'écoute car ses paroles sont universelles.
L'écriture donne à ce récit pourtant assez court une puissance qu'on ne soupçonne pas de prime abord. Cela déroute un peu. L'attitude de Marie n'est pas celle que l'on s'imaginait. Elle diffère. Marie ne comprend pas les agissements de son fils qu'elle aime infiniment. Elle culpabilise de son impuissance face à tout ce qui s'est passé. Elle était largement dépassée. C'est terriblement humain alors que l'on est dans ce qui ne l'est peut-être pas.
Voilà un livre qui sort de l'ordinaire et qui résonne un long moment en nous.
Et s'il fallait mettre une note : 13 / 20