Le 5 février 1789, "Les petites Affiches ou Journal général de France" publient un article de la femme de lettres Olympe de Gouges. Comme vous pourrez le constater ŕ la lecture du texte ci-dessous, il rest entičrement d'actualité le 7 février 2016, dans une France tout aussi en crise.
"Dans une semblable calamité, barons, comtes, marquis, ducs, princes, évęques, archevęques, éminences, tout doit ętre citoyen ; tous doivent donner l'exemple de cet amour patriotique au reste de la nation, pour concourir ensemble au bonheur de l'Etat et ŕ la gloire de son pays...
Le commerce est écrasé, une quantité innombrable d'ouvriers sans état et sans pain, que deviennent-ils ? Tout est arręté, le riche impitoyable cache son argent, vil instrument de sa cupidité. Peut-il prolonger ses jours, peut-il les rendre plus heureux ? Ces trésors dans l'inaction quel bien peuvent-ils faire ŕ personne ? C'est ŕ l'Etat qu'il faut les offrir, et les offrir sans aucun intéręt, tel qu'ils les placent dans leur coffre-fort, dans la caisse de la nation, ils vous rapporteront un prix au-dessus de leur valeur...
C'est toujours sur les riches que les malheureux et les révoltés portent leurs mains hardies et meurtričres, et souvent, dans leurs fureurs, ils ne distinguent pas les bons d'avec les méchants...
Tout bon citoyen a droit de donner ses idées dans les moments oů son pays est dans la consternation la plus profonde. On ne doit rien cacher et les écrivains les plus intčgres doivent dire ce qu'ils voient, ce qu'ils entendent et ce qu'ils sentent. Je ne suis d'aucun parti, j'ignore s'il en existe quelqu'un véritablement. Malheur ŕ ceux qui en suscitent d'aussi nuisibles qu'extravagants. Le bien seul de mon pays excite ma verve et enflamme mes esprits."