Dans l’actuel Etat d’urgence permanent, il faut aux jaloux et aux réviseurs de l’histoire non seulement détruire tout vrai opposant, mais même tous ceux qui avaient pu exister auparavant, dont il est nécessaire effacer, démolir ou salir la mémoire et le modèle… Il faut prévenir toute éventuelle émulation. Il faut pousser tous les Walter Benjamin au suicide. Dresser des listes de proscription… Les vraies révoltes, ainsi que les vrais révoltés, doivent être anéantis à jamais, éliminés, censurés, calomniés, mis au pilori. C’est à cette nécessité incontournable et urgente que répond précisément le dernier travail de Jean-Marie Apostolidès, lequel vient de paraître chez Flammarion sous le titre Debord Le Naufrageur… L’auteur est animé par ce que Spinoza appelait « les passions tristes », et en ceci il est parfaitement en accord avec les temps néocons qui courent, lesquels d’ailleurs semblent lui convenir parfaitement : c’est en fait pour eux que ce livre a été écrit, pas pour durer. Gianfranco Sanguinetti.