Dans le tome 2, plusieurs indices étaient dissimulés dans les pages et ils laissaient envisager de nouvelles révélations pour la suite de la saga. Je parle bien sûr de la série fantastique pour la jeunesse écrite par Joseph Delaney, et ici plus précisément du tome 3 : Le Secret de l’Epouvanteur. Je vais essayer de ne pas trop en dire dans cet article, pour permettre à ceux qui le souhaitent de commencer cette saga sans aucun gros spoil.
Encore une fois, nous retrouvons Tom, l’apprenti de Gregory, un Epouvanteur. Le travail de ce dernier est de tenir éloignées les forces obscures du Comté et d’aider les habitants quand une sorcière ou un gobelin fait des siennes. Une vie de solitude et de dur labeur, mais surtout une vie dangereuse. Cela fait plusieurs mois que Tom est au service de l’Epouvanteur. L’hiver arrivant, ils quittent leur confortable maison de Chippenden pour rejoindre celle pour le moins désagréable d’Anglezarke.
Cachée dans une faille, dans un coin glacial et triste du Comté, cette demeure n’est pas accueillante et ses immenses caves abritent des créatures peu attirantes. Tom n’a pas du tout envie de changer de lieu d’habitation mais il doit suivre son maître. Il ne s’imaginait tout de même pas à quel point son hiver allait être maussade et dangereux. Un ex-apprenti qui pratique la nécromancie et a des rêves fous de grandeur démoniaque d’un côté, une sorcière redoutable qu’il est obligé de côtoyer de l’autre, Tom doit se méfier.Je vais m’arrêter là, pour ne pas trop en dévoiler, et j’occulte de cette façon de très nombreuses sous-intrigues qui se mêlent à la narration principale. Encore une fois, j’ai beaucoup apprécié ce tome de la saga. Je l’ai trouvé plus directement lié au précédent (ce que j’attendais) et on sent une réelle évolution dans les personnages. Les relations entre eux se modifient, on remarque que plusieurs mois de cohabitation les ont rendus plus proches (si on peut dire). Dans ce tome, on rentre plus intimement en contact avec ces protagonistes, on découvre leurs failles et certains de leurs secrets.
Ce tome 3 m’a paru beaucoup plus sombre. Le précédent mettait en scène quelque chose de maléfique et dangereux, mais ici c’est autre chose : les péripéties touchent directement à la vie personnelle des héros. L’amour, la famille, les relations passées, le regret, la passion, le désespoir : les émotions sont plus vives, plus fortes qu’une simple peur de mourir comme on pouvait le voir dans les volets précédents. C’est un roman fort, puisqu’à ce stade de la saga, on commence vraiment à connaître les personnages, leur manière d’agir, leur façon de penser, on connaît une partie de leur vie, des mystères qui les entourent, et on s’y est vraiment attaché. Les voir dans une telle position de détresse, de faiblesse affecte le lecteur assurément. En bref, c’est un roman plus profond.
L’univers de la saga continue de se développer à dose homéopathique, juste ce qu’il nous faut pour tout comprendre, pour saisir les enjeux, les dangers de l’intrigue. L’intrigue, parlons-en. Il n’y en a pas qu’une seule, disons qu’il y a un élément central et qu’autour de celui-ci, d’autres péripéties toutes aussi importantes gravitent. Certains ressorts narratifs qui vont courir sur toute la saga (j’imagine) sont sérieusement mis en place, ne déclenchant qu’une chose : l’envie irrépressible de lire la suite.
En résumé, j’ai moins frissonné dans ce tome mais j’ai été happée par le destin des personnages, j’ai pleuré avec eux, j’ai eu peur à leurs côtés. Un roman plus grave que les précédents, mais idéal pour un tome 3, et toujours servi par une écriture fluide et agréable.
Joseph Delaney, Le Secret de l’Epouvanteur, traduit de l’anglais par Marie-Hélène Delval, Bayard Jeunesse, 11€90.