Fait connu de longue date, l’obésité représente un facteur de risque important d’arthrose des membres inférieurs. Bien évidemment, les contraintes mécaniques appliquées aux articulations portantes interviennent. Au-delà de la simple usure, le stress mécanique excessif active dans les chondrocytes, via des mécanismes cellulaires et moléculaires, une réponse inflammatoire et enzymatique aboutissant à la dégradation du cartilage.
Il existe également un lien systémique et métabolique entre obésité et arthrose, illustré par l’association entre l’arthrose des mains et l’obésité ou surpoids. Ce lien fait intervenir de nombreux acteurs moléculaires parmi lesquels on compte les adipokines, les cytokines pro-inflammatoires, les acides gras et les lipides. D’autre part, une approche physiopathologique actuelle envisage que les comorbidités cardio-métaboliques associées à l’obésité, telles que le diabète de type 2 et l’hypertension artérielle aient un impact direct sur les tissus articulaires et donc sur le risque de développer une arthrose.
Certains mécanismes décrits plus récemment dans la physiopathologie de l’obésité comme les anomalies du microbiote pourraient aussi participer à ce lien.
Rôle du microbiote dans l’arthrose liée à l’obésité ?
Des anomalies qualitatives et quantitatives du microbiote intestinal ont été associées à l’obésité et aux perturbations métaboliques et impliquées dans l’inflammation chronique de bas grade observée chez les sujets obèses ayant une alimentation hypercalorique. Il est donc concevable que cette même inflammation de bas grade secondaire à la dysbiose intestinale puisse être impliquée dans la physiopathologie de l’arthrose métabolique.
Les chondrocytes expriment d’ailleurs les récepteurs de l’immunité innée tels que les toll-like receptors (TLR) et peuvent ainsi répondre à la stimulation par les composants bactériens tels que le lipopolysaccharide (LPS). À ce jour, nous ne disposons pas d’étude du microbiote intestinal chez les patients obèses en fonction du statut arthrosique et cette voie de recherche reste à approfondir.
Conclusions
L’association entre obésité et arthrose fait appel à de nombreux acteurs, au-delà du simple lien mécanique et des adipokines. L’inflammation de bas grade est le point commun de tous les mécanismes mis en jeu et donne un rôle prépondérant à l’inflammation métabolique (meta-inflammation). Décliner les approches physiopathologiques en fonction du facteur de risque prépondérant (vieillissement, obésité et syndrome métabolique, traumatisme) permettra d’envisager de nouvelles voies thérapeutiques spécifiques de chaque phénotype.
Alice Courtiesa, Jérémie Sellam – Département hospitalo-universitaire inflammation-immunopathologie-biothérapie, service de rhumatologie, hôpital Saint-Antoine, Assistance publique–Hôpitaux de Paris.