Hendrick Jansz. Ter Brugghen, (La Haye ou Utrecht, 1588 - Utrecht, 1er novembre 1629), est un peintre néerlandais (Provinces-Unies, à l'époque) du siècle d'or et l'un des chefs de file de l’Ecole caravagesque d'Utrecht
On sait peu de choses sur les débuts de Ter Brugghen. Il est né en 1588, selon certains à La Haye où, depuis trois ans, son père, Jan Egbertsz. Ter Brugghen, exerçait la fonction de bailli au service des Etats de Hollande. D’autres pensent qu’il a pu naître à Deventer - hypothèse qui semble la moins probable -, ou encore à Utrecht, mais ce n’est seulement qu'en 1591, alors que le futur peintre est né depuis déjà quelque temps, que la famille vient s'installer dans cette ville. Là, il se met à la peinture à l'âge de treize ans, sous l'égide d'Abraham Bloemaert, peintre d'histoire maniériste, qui lui enseigne les rudiments du métier.
Au printemps 1607, on trouve la trace d’un dénommé Henrick Ter Brugge cadet dans l’armée du comte Ernest-Casimir de Nassau-Dietz ; il s’agit probablement du peintre, car celui-ci est par ailleurs parfois désigné comme l’« honorable et constant » Hendrick Ter Brugghen, un qualificatif qui n’était employé que pour les soldats. C’est donc en 1607 au plus tôt, si du moins Henrick et Hendrick ne font qu’un, qu’il peut se rendre à Rome pour y parfaire son art. Au moment de son arrivée dans la ville italienne, les œuvres du Caravage commencent à exercer une forte influence sur bon nombre d’artistes : ses tableaux sont remarquables par la hardiesse avec laquelle il manie le clair-obscur, mais également par le réalisme social de ses sujets, parfois séduisants, mais parfois aussi provoquants et même franchement vulgaires.
Certains considèrent que Ter Brugghen et le peintre italien auraient pu alors se rencontrer, mais la chose est fort peu probable car Le Caravage, pour échapper à une accusation de meurtre, quitte la ville dès 1606 et est allé se réfugier en Sicile. Quoi qu’il en soit, en Italie, les tableaux de ce dernier et de ses imitateurs, caravagesques italiens comme Orazio Gentileschi, ont certainement pu être étudiés par Ter Brugghen. Parmi les peintres qui influencent ce dernier pendant son séjour italien, on peut en outre citer Annibale Carracci, Le Dominiquin et Guido Reni. Aucun document n’a subsisté concernant les années d'étude de Ter Brugghen en Italie.
En 1614/1615, Hendrick revient à Utrecht où il semble s'être associé à Dirck Van Baburen, autre caravagesque hollandais, et où, en 1616, il est inscrit dans la guilde de Saint-Luc locale. La même année, il épouse Jacomijna Verbeeck, qui est la belle-fille de son frère aîné, Jan Jansz. Ter Brugghen, aubergiste de son métier. Le couple aura plusieurs enfants. La famille s’établit dans une maison de la Snippevlucht, à Utrecht. C’est là que Rubens, au cours d’un bref séjour dans la ville, lui aurait rendu visite en 1627.
Ter Brugghen meurt deux ans plus tard, le 1er novembre 1629, alors qu'il a à peine dépassé la quarantaine, sans doute emporté par la peste.
De manière assez frappante, les peintures de Ter Brugghen qui ont été préservées sont toutes postérieures à 1619 ; avant cette date, on ne connaît tout simplement rien de sa carrière d’artiste. Il a peint des « tableaux d’histoire », dans son cas principalement des représentations en grand format de scènes bibliques, et bien qu'il ait sans doute été lui-même protestant, certains de ces sujets sont explicitement catholiques. À côté de cela, il a également réalisé quelques portraits de groupe et, comme beaucoup d’autres peintres caravagesques, plusieurs scènes de genre, souvent des musiciens ou des buveurs représentés seuls, à mi-corps.
Peu après 1620, le caractère caravagesque de son œuvre devient plus prononcé. Ceci pourrait s’expliquer par un second voyage de Ter Brugghen en Italie, mais rien ne permet de le démontrer. Il a aussi pu être influencé par le retour d’Italie de Gerrit Van Honthorst et Dirck Van Baburen qui a eu lieu à cette époque.
On suppose qu’à Utrecht, il collabore étroitement avec Van Baburen, d’après leurs styles très proches à tous deux. Ter Brugghen conserve cependant un style très personnel, clairement greffé sur la tradition néerlandaise. Fait notable, on peut parfois déceler dans son œuvre des éléments inspirés par le Moyen Âge. Ses meilleures peintures se distinguent par un emploi subtil de la couleur, avec des combinaisons quelquefois inhabituelles. Quoique son style ne soit pas uniforme, on peut difficilement parler à son sujet d’une évolution linéaire, en sorte qu’il est difficile de situer chronologiquement ses œuvres non datées.
Bien qu'il ait disparu prématurément, son œuvre semble avoir été très appréciée de son vivant, et elle exerça une grande influence sur ses contemporains. Ainsi, Constantin Huygens le célèbre-t-il comme l’un des meilleurs peintres d’histoire néerlandais. Par ailleurs, sa façon de traiter les sujets religieux se retrouve chez Rembrandt, tandis que des éléments stylistiques apparaissent chez Frans Hals et Johannes Vermeer, lequel fut vraisemblablement influencé par son utilisation de la couleur.
Malgré tout, à Utrecht, Ter Brugghen sera resté dans l’ombre de Van Honthorst, dont l'œuvre connut un succès plus important. Il tombe dans l’oubli au siècle suivant. Aujourd’hui « réhabilité », il est devenu le peintre utrechtois du XVIIe siècle le plus estimé. On trouve ses œuvres dans les musées du monde entier.
D'après Wikipédia