« Pour vivre heureux, vivons cachés ». Voilà une expression bien connue de tous qui pourtant n’a jamais eu autant d’impact que dans la société actuelle. Que dire, quoi montrer, ou peut-être mieux passer sous silence… et pas uniquement pour se préserver du mauvais œil. Si nos anciens pratiquaient la retenue de peur de choper la scoumoune, il semblerait qu’aujourd’hui l’autocensure soit devenue une constante, et ce dans bien des sphères de notre quotidien. Politique, médias, religion ou simple discussion entre amis : qui ne s’est jamais gardé d’exprimer ouvertement un avis bien tranché, de peur de se voir rejeté de la bien pensance générale ? Un non sens démocratique si bien implanté que personne n’y fait même plus attention. Pire encore, on en a fait une habitude. Quasiment un devoir citoyen. Gare à celui qui oserait y faire une entorse, au risque de se coltiner des béquilles à vie : pas très « confort » dans un enfer pavé de bonnes intentions. Muselée pour être acceptée, voilà que la pensée se dénature jusqu’à en devenir stérile. Impropre à se renouveler, soit l’exact contraire de son essence même. Quand on dit que « c’est le couvercle qui sait ce qu’il y a dans la marmite », celui qui ose l’ouvrir risque fort de se brûler les doigts.