En cinq longs-métrages et un peu plus d’un mois (Le calendrier débordant de Février 2016), les sorties françaises au cinéma synthétisent idéalement ce que l’on attend impatiemment sur une année complète. Février 2016 annonce sa diversité totale : du noir et blanc restauré d’Akira Kurosawa avec Le château de l’araignée, le personnage autrefois méconnu de Deadpool arborera bientôt un costume et noir populaire. L’animation et l’humour de Zootopie (Créé par les studios Disney) précéderont chronologiquement The Revenant (Du réalisateur Alejandro Gonzales Iñarritu, réalisateur de Birdman.) mené par la revanche très sérieuse de Leonardo Dicaprio. Hors des carcans, Avé Cesar des frères Coen renouera avec un sens absurde de la comédie : depuis 2008 (Burn After Reading), le duo s’est essayé à des scenarii plus sérieux, plus dramatiques, et assez inhabituels. (True Grit en 2010 ou Inside Llewin Davis en 2012)
En dépit de noms évocateurs promotionnels qui caracolent aux affiches des 5 films sélectionnés, le doute autour de Deadpool est autant de mise que la certitude de la bonhomie colorée de Zootopie. Février 2016 affriande et excite avec équilibre nos pupilles !
1°: The Revenant, réalisé par Alejandro Gonzales Iñarritu.
Leonardo DiCaprio quitte la peau d’un Gatsby … Pour un homme plus « sauvage ».
24.02.2016.
Troisième western de l’année 2016 (Après les sorties françaises des Huit Salopards et Jane got a gun.) The Revenant réunit des acteurs prestigieux, un genre [Le western] délaissé au profit des super-héros (Il suffit de voir l’engouement autour de Deadpool et des autres productions à venir!) et un point de départ narratif capable de surprendre : la vengeance. Même si le motif de la vengeance présente à priori peu de nouveautés, il floute efficacement les frontières du Bien et du Mal : un enjeu clef pour valoriser la notion de sauvage. Du même réalisateur, Birdman (2015) parvenait à aligner des arguments moteurs quasi semblables pour un visionnage immédiat : à ce détail fondamental que le film ressemblait à un costume sur-mesure dédié à l’acteur Michael Keaton. La teneur quasi biographique du long-métrage reléguait le reste des acteurs au second plan : ce choix d’écriture a justifié un manque d’envie personnel pour voir puis juger Birdman.
Un western particulier, certes … Mais très probablement passionnant à voir. (Les particularités seront également esthétiques.)
Avec The Revenant, l’attente n’est que plus renforcée par la connexion établie entre Leonardo DiCaprio et Tom Hardy : non seulement les deux acteurs n’ont pas à délivrer une interprétation dépendante d’un costume mais, en outre, le western en tant que grand genre pourrait engager une forme de parti-pris extrêmement intéressant. Il ne s’agit plus de créer un récit constitutif des Etats-Unis mais de créer une comédie (in)humaine avant toute chose.
2° : Zootopie, produit par Disney et réalisé par Byron Howard (Raiponce) et Rich Moore (Les mondes de Ralph).
Rencontre Flash … Le paresseux administratif !
17.02.2016
Vous aussi, peut-être, vous avez été voir Star Wars VII. Et probablement, c’eut été l’occasion d’observer la bande-annonce de Zootopie. Celle-ci reposait sur un humour de circonstance (Humaniser des animaux, dont un paresseux nommé Flash : l’idée de contrastes exagérés était excellente!) et une animation à la fois fluide et chatoyante. En 2001, le même ressenti faisait l’attrait de Monstres et Cie. tant les personnages dégageaient une tendresse attachante.
Zoo-topie : un univers fictif par excellence capable de porter de nouvelles réflexions pour tous les publics … ?
En se focalisant sur Flash, un paresseux employé comme fonctionnaire, la communication de Disney excelle à s’adresser autant à un public junior qu’à leurs accompagnateurs ou à des adultes curieux d’évaluer un nouveau dessin-animé un peu plus que divertissant. La malice non enfantine et anthropomorphique pourrait donner de belles étincelles mi-sérieuses mi-amusées.
3° : Avé César, réalisé par Ethan et Joel Coen.
George Clooney porte un costume … Quid de l’interprétation ?
17.02.2016
Ave César suscite simultanément la curiosité et la réserve. Depuis quelques années, la filmographie des frères Coen me fascine : de Fargo (1996) à The Big Lebowski (1998) en passant par O’Brothers (2001) puis Ladykillers (2004), le quartet de coeur se parachève par un rire singulièrement surprenant. Même dans le drame, le ton de True Grit dévoilait une habileté véritablement intéressante. La réserve va de mise avec l’expérience Burn After Reading (2008) : George Clooney apparaît volontiers en acteur inégal dans un récit plus poussif qu’à l’accoutumée.
Or, Ave César rappelle les défauts d’un film difficile à digérer et donc à apprécier tout en orchestrant à nouveau dans les codes des meilleures créations des frères Coen : la comédie poussée jusqu’à son absurdité. Ave Cesar repose un décalage initial (Années 50, le cinéma, le communisme …) : il ne lui manque plus qu’une forme d’alchimie pour être agréable.
4° : Le château de l’araignée, réalisé par Akira Kurosawa.
Carlotta Films propose une rétrospective de 9 films … En haute qualité ! Tous les films d’Akira Kurosawa n’ont pas tous été encore édités en Blu-Ray.
09.03.2016
Akira Kurosawa constitue une référence sûre à apprécier en 2016 sous un angle absolument différent. Le distributeur Carlotta Films marquera dignement le mois de Mars 2016 en proposant des rééditions numériques des réalisations les plus marquantes du cinéaste nippon : celles-ci seront en phase avec les normes exigées par un blu-ray.
Le château de l’araignée redéfini signifie être spectateur d’une des plus grandes sources d’inspirations du cinéma américain contemporain des années 1960 – 1970 : George Lucas, pour ne citer que lui, reconnait la part essentielle et consciente des films d’Akira Kurosawa dans sa saga Star Wars.
5° : Deadpool, réalisé par Tim Miller.
10.02.2016
L’incertitude la plus importante se nomme Deadpool. Marjane Satrapi et son film The Voices réhabilitait l’acteur Ryan Reynolds dans l’estime des réalisateurs hollywoodiens : le souci ne tient alors pas tellement à l’interprétation mais échoue plutôt à la réalisation. En tant qu’adaptation du personnage, les différentes bandes-annonces échouaient à retranscrire une personnalité schizophrénique, troublée, originale et surprenante pour ses doutes malsains.
Pour l’heure, Deadpool ne semble être qu’une genèse infidèle à l’esprit du moins héroïque des super-héros Marvel : où sont les usages inhabituels, les digressions et les adresses directes qui pullulent dans le format comics ? La lettre de Deadpool paraît en partie respectée puisque la réalisation mise sur la part graveleuse (Et qui est souvent plus que cela.). Le visionnage confirmera ou non l’infidélité du film pour une adaptation éventuellement violente, immorale, grossière, explosive … Et inintéressante.
Février 2016 manque le coche de l’originalité … Mais probablement pas celui de la qualité. En dehors de Deadpool, un long-métrage à une bulle du cauchemar, l’ensemble du programme cinématographique hivernal 2016 à tout d’un repas à déguster avec délectation. Et parcimonie.