Vous vous souvenez de Réjean Houle?
Pas quand il était joueur, quand il était directeur-gérant des Canadiens de Montréal?
Les amateurs du Canadien de Montréal s'en rappelleront comme de celui qui aura coûté Patrick Roy et plusieurs années de potentiel succès au club de hockey mythique.
Ce n'était pas complètement la faute de Réjean Houle. C'était plutôt celle de celui qui l'avait engagé, son patron: Ronald Corey. Celui-ci n'avait eu à faire ce choix qu'une seule fois, avec Serge Savard en 1983, qui avait eu la main heureuse et qui avait raflé la Coupe Stanley trois ans plus tard et qui répéterait l'exploit en 1993, les deux fois contre toute attente.
Quand Corey limoge tout l'état-major des Canadiens en 1995, de l'instructeur au directeur-gérant, il engage Houle, qui n'a pas plus d'expérience comme directeur-gérant que n'en avait Savard à ses débuts. Houle est un homme d'affaires qui a très bien fait pour la compagnie Molson et pour les anciens joueurs du Canadien. Mais il n'a aucun flair pour le poste. Et ça coûtera très cher au club. Houle engagera son ami Mario Tremblay, alors joueurnaliste(sic) et qui est aussi vierge que lui dans le métier, comme instructeur-chef.
On connait la suite...ce fût la catastrophe. Et pas nécessairement en raison de Houle et Tremblay. Mais plutôt en raison de Corey.
Le magasin de porcelaine maintenant.
Le Canada est tout beau depuis Justin. En surface, tout est lisse, rien ne ternit, on salue la jeunesse. Si le Canada est une voiture on n'y voit qu'une belle carrosserie. Personne n'est encore convaincu qu'il y a un moteur ni même une route à suivre, mais le bolide est bien pour l'oeil.
Mais en ces moments de religion économique, pensons au Canada comme à une boutique.
Un magasin de porcelaine.
Mélanie Joly, nommée par Justin ministre du patrimoine, fait parti des jolis portraits duquel Justin s'est entouré pour vendre le Canada ailleurs dans le monde. Elle fait parti des délégations étrangères canadiennes en tournée autant soit-elles, car elle peut paraître sympathique, voire charmante, et après tout c'est aussi à l'étranger que le patrimoine d'ici se vend.
Mélanie Joly c'est l'éléphant. Fort intéressant pour l'oeil, mais ravageur lorsque placé dans un magasin de porcelaine.
Lors du jour rendant hommage à Sir John A. MacDonald, Miss Joly a dit de lui: "Je vous invite à en apprendre davantage sur sa vie et sa vision d'un pays qui valorisait la diversité, la démocratie et la liberté." Ne suivant en rien ce conseil, elle-même.
Rarement pouvait on se tromper davantage.
John A. MacDonald était plutôt le contraire.
C'est lui qui a fait pendre Louis Riel. Et c'est justement le jour du 107ème anniversaire de la pendaison de Riel en 1992, que la tête de la pompeuse statue de MacDonald, au centre-ville de Montréal, a été tout bonnement décapitée. Ce qui n'avait rien d'innocent...
MacDonald était conservateur. Il a beaucoup voyagé entre le Canada-en-devenir et le Royaume-Uni pour négocier et finaliser ce qui deviendra l'acte de constitution de 1867.
Mais dans ses négociations, il présentait le Canada comme suit:
"...nous devons protéger les minorités contre la tyrannie de la majorité..."
Fair enough. Mais il précise tout de suite de quelle minorité il parle:
"...nous savons tous que les riches sont beaucoup moins nombreux que les pauvres..."
Il est donc en opposition formel avec ce qu'il considère la tyrannie des masses et s'oppose vigoureusement et très ouvertement au suffrage universel. Il dit de la démocratie que c'est un des plus grand maux qui puisse frapper le pays.
Difficile d'être moins anti-démocratique...
Quand à la diversité, disant haut et fort que les asiatiques sont les moins disposés à la sensibilité britannique, il fera donc imposer une taxe d'immigration excessivement cher pour les gens issus de ce continent, afin de les décourager à venir s'installer chez nous. Il manifeste aussi un intérêt marqué pour l'esclavage, il va jusqu'à défendre, quand il est avocat, des groupes affiliés aux sudistes esclavagistes et MacDonald est aussi orangiste, sacrifiant une moitié de l'Irlande de ses étrangers préférés.
Il est aussi l'auteur de la triste phrase:
"Riel sera pendu même si tous les chiens du Québec jappent en sa faveur"
Il a la griffe lourde dans l'éradication complète des autochtones de l'Ouest du Canada.
Mais Mélanie, marmitant dans l'ignorance, a trouvé le moyen de le trouver partisan de la démocratie et de la diversité canadienne.
Si un jour vous vous torchez avec un dix $ canadien, où se trouve la face de John A. MacDonald, postez-le ensuite à notre ministre du patrimoine.
Ou à celui qui l'a engagée, ce serait encore plus justifié.
Après tout les éléphants ne choisissent pas toujours d'être placé dans les magasins de porcelaine.