Perdre du poids à l’âge mûr pourrait être associé au risque de déficience cognitive légère, un signe précoce de développement de la maladie d’Alzheimer ou d’autres formes de démence, suggère cette étude américaine. Ses conclusions issues du suivi sur plus de 4 ans de plus de 2.000 participants d’âge mûr, et présentées dans le JAMA Neurology, constatent en effet qu’une perte de poids importante est associée pour chaque période de 10 ans, à une augmentation du risque de 4%.
Les chercheurs de la Mayo Clinic ont regardé l’association entre le changement de poids à l’âge mûr, c’est-à-dire à partir de 40 ans, et le risque de déficience cognitive légère ou de démence à un âge plus avancé. Ils rappellent que la déficience cognitive légère est un signe précurseur de démence : 5 à 15% des personnes atteintes, chaque année, évolueront vers la démence.
L’étude a suivi, durant 4,4 ans, 1.895 participants sains sur le plan cognitif au départ de l’étude, âgés en moyenne de 78,5 ans et répartis également entre les 2 sexes. Leurs capacités cognitives ont été évaluées par des échelles reconnues, le Clinical Dementia Rating scale et le Functional Activities Questionnaire et par 9 autres tests couvrant les domaines de la mémoire, la fonction exécutive, la parole et la conscience spatiale. Enfin, les chercheurs ont pris en compte les facteurs de confusion possibles comme les critères sociodémographiques, les antécédents médicaux, les symptômes de dépression, le tabagisme, les traitements médicamenteux et le poids corporel. Enfin, des tests sanguins ont vérifié la présence du gène APOE * E4, un gène de prédisposition connu de la maladie d’Alzheimer.
· 524 participants ont développé une déficience cognitive légère au cours du suivi. Ces patients étaient plus susceptibles d’être plus âgés, de présenter une maladie cardiovasculaire ou un diabète et d’être porteur du gène APOE * E4.
· L’analyse révèle une différence significative dans le changement du poids corporel, chaque décennie entre les participants qui développent une déficience cognitive et ceux qui n’en développent pas : soit une perte de 2,0 kg vs 1,2 kg, respectivement.
· les hommes, en particulier, qui développent une déficience cognitive perdent plus de poids (2,1 kg de vs 1,2 kg), alors que chez les femmes, la différence est faible, quoique significative.
· une baisse de poids plus importante sur 10 ans est associée à une augmentation du risque de 4% de déficience cognitive légère, et cela après ajustement pour les facteurs de confusion possibles.
ØPar exemple, une perte de poids de 5 kg sur 10 ans correspond ici à un risque accru de 24% de déficience cognitive.
Un marqueur tout à fait légitime : Ainsi, selon les chercheurs, une perte de poids conséquente, après la quarantaine peut être un marqueur tout à fait légitime de déficience cognitive à venir. Si ce signe peut évidemment annoncer d’autres dysfonctionnements ou maladies, il devrait être pris en compte, au même titre que les autres signes connus, écrivent-ils, dans la détection des personnes à risque cognitif accru. Alors que les premiers symptômes de troubles cognitifs ou de démence peuvent être légers et progresser doucement, ce nouveau marqueur possible peut en effet contribuer, dans certains cas à un diagnostic plus précoce.
Source: JAMA Neurology February 1 2016 doi:10.1001/jamaneurol.2015.4756Decline in Weight and Incident Mild Cognitive Impairment
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