On y était : RHODES + Tommy Ashby à la Maroquinerie

Publié le 05 février 2016 par Swann

Un début de soirée à Paris. Il pleut. Déjà, une file de spectateurs, cigarette à la main, s'est formée devant la porte, encore fermée, de la Maroquinerie. Ils attendent patiemment à la lumière orange des quelques lampadaires. Au programme ce jeudi soir rue Boyer : Tommy Ashby, puis RHODES, la tête d'affiche. Un monsieur distribue des flyers. Il fait une remarque sur le sexe majoritaire des personnes présentes dans la queue et le style de musique que promet dès lors la soirée : " Beaucoup de filles ce soir, c'est des beaux gosses les musiciens c'est ça ? " Tu as raison mon garçon, on est juste en 2016, continue avec tes pseudos-constats misogynes. On entre, enfin.

Tommy Ashby se charge d'assurer la première partie. Il est Écossais et possède un léger accent chantant plein de charmes. Il est seul sur scène avec sa guitare électrique dont on apprendra plus tard son appartenance paternelle. Il sourit souvent et se montre désarmant quand il chante. Le jeune homme propose un folk aux influences jeffbuckleysiennes bien senties, sans en faire trop. On aura la larme à l'œil avec " Waiting for the Fall ", mais le reste manque encore un peu de relief à notre goût. Il y a du travail, mais le potentiel est là.

Puis vient Rhodes. Jean noir, tee-shirt noir, visage candide. Il arrive seul avec une de ses innombrables guitares. Ils ne seront que deux sur scène, au maximum. Tommy Ashby vient prêter main-forte, pour une deuxième ligne de guitare, et un soutien harmonique sur la moitié des titres. C'est ce qu'il fallait, pas moins, pas plus. On était un peu anxieuses, on avoue, de le voir débarquer avec un groupe entier, qui aurait comblé les silences de sa musique et chamboulé le doux équilibre de la fusion de la guitare-voix.

On le sent d'abord un peu sur la retenue, presque stressé face à son public, qu'il redécouvre après s'être longtemps prêté au jeu des premières parties. Mais il se détend peu à peu, submergé comme nous, par la chaleur envahissante et persistante de la Maroquinerie qui nous alanguit. Et il parle. Beaucoup. C'était quelque chose qu'on ne soupçonnait pas. Il évoque son dernier concert au Point Éphémère et de la conclusion qu'il en a tiré : il fait toujours très chaud dans salles parisiennes. Il parle de Paris, où il était encore la semaine dernière avec Hozier. Mais il nous parle surtout de ses chansons et de leur origine, presque scolairement. Et on les redécouvre avec lui. Des chansons bien plus intéressantes en guitare-voix qu'en version sur-orchestrée de l'album. S'il nous semble timide dans ses prises de paroles, il devient presque théâtral lorsqu'il se met à chanter, vivant et vibrant sur chaque note tenue, son vibrato maîtrisé et nuancé. Impressionnant. Il finira son concert avec l'une de ses plus belles chansons, " Morning ", un frisson nous parcourt l'échine. Dehors, il ne pleut plus.

À LIRE AUSSI >>
On y était : Hozier + RHODES aux Folies Bergères
RHODES : lyrisme et magnétisme
RHODES, on ne se lasse pas de son folk romantique

Setlist : Fade Away (intro) / Close Your Eyes / Raise Your Love / You and I / Somebody / Your Soul / Better / Losing It / Turning Back Around / Let It All Go / Wishes / Breathe / bis : Run / Morning

Wishes, le premier album de Rhodes est déjà disponible en magasin ( Columbia).

Texte : Emma Shindo | Photos : Sabine Swann Bouchoul