" Nous, les écrivains, devons montrer au monde que l'être humain est avant tout un être universel, au-delà de la simple identité qui fait de l'un un Occidental, de l'autre un musulman. Nous devons montrer cela, le revendiquer, parler en ce sens, et nous battre. On a un besoin urgent de romanciers. Et des romans du monde... Derrière chaque fanatique, il y a un drame, une ignorance, une injustice ; on ne naît pas terroriste, ou fanatique, on le devient. La littérature de fiction nous apprend à ne pas voir les autres comme des étiquettes... Dans un roman, un personnage finit par ne plus paraître comme juif, musulman, ou autre : il se transforme en être humain universel. Dès lors qu'on apprend à voir les gens ainsi, il devient plus difficile de concevoir la violence comme solution. Pourquoi ? Parce que le terrorisme considère une masse de gens comme responsables à la même échelle d'un malheur. Pour un terroriste islamiste, tous les Occidentaux ont à répondre de ce qui se passe en Irak, ou bien tous les juifs des actes d'un extrémiste israélien. Même chose pour un raciste en Occident : il pense que tous les musulmans sont responsables de ce que fait Daech. La littérature, elle, apprend à voir le monde au niveau individuel, chacun étant responsable de ses actes. Nous avons besoin des livres, pour aller au-delà des étiquettes et des nationalités."
Alaa El Aswany, extrait d'entretien dans la magasine Lire n° 442, février 2016 https://fr.wikipedia.org/wiki/Alaa_al-Aswany