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e-learning au Ghana

Publié le 05 février 2016 par Busuainn_ezilebay @BusuaInn_Ezile

e-learning au Ghana

In Le Monde e-learning au Ghana

Le Ghana, à l’heure du e-learning

Par Pierre Lepidi (Accra, envoyé spécial)LE MONDE Le 03.02.2016 à 18h21 • Mis à jour le 04.02.2016 à 09h23
Filmée par Francesca, Esther Kwapong donne un cours de mathématiques qui est retransmis par satellite dans plusieurs écoles du Ghana, à Accra le 27 janvier.

Une douce agitation règne à l’intérieur du studio d’enregistrement installé dans le centre-ville d’Accra. Avant de lancer le générique, on réclame le silence : « three, two, one… » Il est 10 h 30 précises, et Esther Kwapong, professeure de 25 ans, commence son cours de mathématiques. Seule dans une pièce, elle s’exprime face à une caméra en anglais et en akan, la langue communément parlée au Ghana. Stylo en main, ils sont près de 500 élèves, répartis dans 24 écoles de différentes régions de ce pays d’Afriquede l’Ouest, à attendre l’énoncé du premier exercice.

Le projet MGCubed (Making Ghanaian Girls Great, « éduquer les filles ghanéennes »), financé par la fondation Varkey, est le premier de ce type àassocier le e-learning, l’enseignement à distance via satellite et webcam, et l’utilisation de panneaux solaires. Lancé en 2013, le programme vise àenseigner chaque jour pendant une heure des cours d’anglais et de mathématiques dans des classes mixtes à des élèves âgés de 9 à 14 ans. Dans les districts de la Volta et la grande banlieue d’Accra, 72 écoles sont aujourd’hui concernées par le programme de cette ONG britannique.« L’objectif de ce projet est de donner un meilleur enseignement et donc de meilleures chances de réussite à environ 4 000 jeunes filles, explique Leonora Dowley, responsable de la fondation Varkey au Ghana. Grâce à ce studio, nous pouvons diffuser en live des cours interactifs, améliorer les échanges entre les élèves et les professeurs mais également entre les différentes classes. »Lire aussi : African Leadership Network, réseau de leaders et incubateur de start-up

« La classe est plus dynamique »

A environ 70 km au nord-ouest d’Accra, dans la campagne ghanéenne, la méthode fait des heureux. Dans l’école du village d’Akroso, qui compte près de 600 élèves, on ne tarit pas d’éloge sur l’installation du e-learning en novembre. « Ça m’a redonné l’envie d’aller à l’école, assure Grace, 15 ans.Avant, on était tous assis face au professeur en train d’écouter son cours toute la journée. Nous étions très passifs. Aujourd’hui, on se lève pourparticiper à des exercices, travailler en groupe… La classe est plus dynamique, plus animée. Les relations avec les professeurs se sont aussi améliorées. » Car même si, depuis Accra, c’est Esther Kwapong qui dispense le cours, un enseignant est présent dans chaque classe pour donner la parole aux élèves et gérer notamment les questions de discipline.Deux fois par mois, les enseignants reçoivent également des sessions de cours dispensées par e-learning. Ces séances interviennent dans le cadre d’un autre projet de la fondation Varkey : Train for tomorrow (Un train pour demain). Financé grâce à une subvention de 2 millions de dollars (1,8 million d’euros) provenant de Dubai Cares, une organisation philanthropique destinée à améliorer l’accès des jeunes à l’éducation, le programme vise à former 5 000 instituteurs, essentiellement dans certaines zones défavorisées du Ghana. « Nous utilisons la même technologie interactive, avec satellites et panneaux solaires, pour dispenser ces sessions aux professeurs », indique Leonora Dowley.Selon une étude de la Banque Mondiale publiée en 2010, 52 % des instituteurs des écoles primaires du Ghana ne reçoivent jamais d’actualisation ou de mise à jour de leur formation. « Les sessions d’entraînement diffusées par e-learning nous apportent de nouvelles méthodes d’enseignement et nous aident dans notre travail au quotidien,affirme Lucy Sai, institutrice à Akroso. Je retiens beaucoup de choses nouvelles et ensuite je les adapte devant les élèves. »

Le contenu de ces cours est interactif, ludique. Il incite les professeurs à donner plus d’autonomie aux élèves, à développer leur réflexion, leur esprit critique et à les sensibiliser aux questions environnementales notamment. Cette méthodologie diffusée par la fondation Varkey ne risque t-elle pas de supplanter les programmes scolaires dispensés par le gouvernement ghanéen ? « Notre but n’est absolument pas de prendre la place du ministère de l’éducation, répond Leonora Dowley. Nous sommes là pour aider et rien d’autre. »Fred Hebbert Kpooi, directeur de l’éducation du district de Birim, qui comprend Akroso, est du même avis. Mais il semble un peu gêné. « Mon rôle est d’évaluer l’éducation dans ce district et nous y enregistrons de bonnes performances dans les écoles qui bénéficient du e-learning, dit-il.C’est une nouvelle manière d’apprendre et cela marche bien. Financièrement, ça ne coûte rien au gouvernement qui n’a de toute façon pas les moyens de financer un tel dispositif et donc de superviser les programmes. »


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