C’est désormais un fait, la véritable tornade générée depuis quelques années par l’équipe de la Concrète sur Paris a clairement participé à l’engouement exponentiel autour du mouvement Techno/House sur le territoire. Et sur les réseaux sociaux (notamment celui tout bleu que tout le monde scrolle à longueur de journée), l’emballement est réel. Une communauté – assez jeune – s’est créée autour, et a gonflé à mesure que l’équipe de la Concrète voyait les choses en grand. Et ce jusqu’à la création du Weather Festival, énorme événement à la programmation et au succès tout aussi énormes.
La gestion de la communication sur les réseaux est un parcours semé d’embûches, d’une pure adhésion à ses activités aux critiques virulentes, il n’y a qu’un pas. Ces désaccords, ces déceptions, peuvent vite tourner en « flamewar » de commentaires trollesques, assez inutiles il faut le dire, mais aussi générer la création de communautés alternatives ultra-positives. On vous parle ici de ce deuxième cas.
Créé contre la censure de certains admins du Weather Festival Music, le groupe du Pas-Weather, contestataire à ses débuts, est né d’un simple coup de gueule. Rien n’était prémédité ! Cette nouvelle communauté PWFM s’est enflammée comme une traînée de poudre en à peine quelques mois, donnant naissance ensuite à une webradio inédite, PW.FM (par ici). Ses crépitements techno sont bien sûr parvenus jusqu’à nos oreilles, l’occasion parfaite d’en discuter avec trois de ses géniteurs, Yas, Mamar et Cami (avec leurs jolies bouilles sur la photo) ! Un phénomène viral plein de musique et d’amour, qui nous promet de belles choses et que ses fondateurs définissent comme la première communauté électronique collaborative et participative.
La genèse du projet
Cami : Au début, on était tous sur le groupe officiel du Weather Festival. Un jour, ils ont demandé quel était le meilleur club de Paris, le Rex l’a emporté et pas la Concrète et forcément ils ont pas aimé, alors ils ont censuré et banni celui qui l’avait proposé, Yas, qui fait maintenant partie du PW. J’étais agacée par ce totalitarisme alors sur un coup de tête j’ai créé le groupe Pas-Weather, basé sur l’envie de laisser les gens s’exprimer librement sans aucune censure. J’ai fait ça un peu pour rire, enfin je pensais que ça n’allait pas durer, mais en à peine deux jours on a atteint 2000 membres ! Face à cet afflux que je ne pouvais pas gérer seule, les autres membres du crew PW se sont joints à moi. On ne se connaissait pas avant, maintenant on est 5, avec chacun un pôle d’action principal. Face à la synergie positive du groupe, on s’est dit autant garder le truc, les gens sont cools et on partage du bon son !
Alors vous laissez une totale liberté, aucune censure ?
Mamar : Le groupe est fermé dans le sens où les admins doivent valider les nouveaux ajouts, mais on accepte tout le monde et les posts sont totalement libres. On supprime seulement les publications totalement hors sujet ou si c’est déplacé, mais ça arrive très rarement. En tout cas, on ne bannit personne, et on laisse aussi les différents collectifs s’exprimer.
A ce rythme vous risquez d’atteindre les 15 000 membres dans quelques mois, comment vous pensez gérer ce flux ?
Cami : La communauté fait la force ! On peut pas être partout et tout surveiller, c’est pas notre but de toute façon. Du coup, c’est le capital sympathie de la petite famille qu’on a créée, qui s’autogère et s’implique sur le mur, qui permet le bon fonctionnement du groupe. Si quelqu’un est désagréable, tout le monde va l’étouffer avec des câlins ! (rires)
Si le point de départ était une réaction contre le monopole du pouvoir de certains admins du groupe officiel, vous avez maintenant un nouveau nom, « Provocative Wave ». Qu’est-ce-que ça signifie pour vous ?
Mamar : En fait on voulait se détacher du Weather, surtout pour la radio qui est née du groupe. Mais le problème c’est qu’on peut pas changer le nom d’une page après 5000 membres, donc on a gardé PW.FM sur Facebook, mais la radio s’appelle maintenant Provocative Wave For Music.
C’était surtout pour faire contrecoup, on a rien contre eux bien sûr. La seule provocation ici c’est le retournement de situation. On essaie avant tout de créer un tsunami pour embarquer tous les gens qui avaient pas le droit à la parole. C’est une provocation positive, pour la musique et cette communauté de passionnés !
La radio
D’où vous est venue cette idée de radio, qui est finalement la cristallisation du projet Pas-Weather ?
Yas : C’était un projet que j’avais en tête depuis un petit moment, j’avais envie de promouvoir de jeunes artistes, mais pour ça il faut être bien entouré. Le cadre PW était totalement propice à la création de cette radio collaborative. En voyant ces milliers de passionnés de musique, on s’est dit qu’on pouvait en faire quelque chose. Alors maintenant on cherche à promouvoir les gens du groupe qui nous envoient leurs productions ! On avait aucun intérêt à passer des sons connus, premièrement parce que ça se fait déjà un peu partout et que c’est pas ce qui nous intéressait, et aussi pour éviter les problèmes de droits à payer à la SACEM.
Comment fonctionne la radio ?
Mamar : On a commencé par faire un sondage sur le site pour voir s’il y avait des producteurs que ça pourrait intéresser, en pensant que les gens ne voudraient pas nous envoyer leurs fichiers. Mais ça s’est fait très vite, quand on a lancé la première version du site il y avait un formulaire pour prendre contact, on a reçu 400 sons et on a commencé à streamer sur la radio. C’est moi qui m’occupe de recevoir les musiques. On reçoit beaucoup de choses de qualité et on a un nouveau vivier régulier, les gens tiennent à renvoyer une bonne image de leur prod, du coup on passe 95% de ce qu’on reçoit ! La prod c’est à la mode, mais c’est une mine d’or. J’ai stocké 15 Gigas de fichiers mp3, de quoi faire une semaine de radio sans repasser les mêmes sons. Tout ça tourne en mode aléatoire, sauf quand on est en partenariat avec un collectif, là on passe deux ou trois heures sur eux.
Quel style de musique vous cherchez à mettre en avant ?
Mamar : Faut dire qu’on est assez défini par ce qu’on reçoit, encore une fois c’est axé sur la participation. Du coup c’est techno à mort, c’est la mode en ce moment, on a 70% de techno indus, influencée par Perc, Dax J etc. 25% de house et 5% de choses pas vraiment classable dans ces deux catégories. Mais on aimerait élargir le spectre, faire des journées thématiques et varier pour attirer et toucher un plus grand public, que tout le monde se sente représenté. Par exemple plus de house et disco, j’ai reçu des petites pépites récemment, c’était génial !
Le futur
Quel avenir vous voyez pour cette radio ?
Cami : On pense par exemple à faire des émissions mais on n’est pas sûrs de vouloir que les gens parlent sur la radio. On aimerait aussi pouvoir faire des podcasts, que des artistes viennent mixer peut être, mais pour le moment niveau logistique et financier, on peut pas encore se le permettre. On sait pas non plus si les gens sont prêts à rester sur la webradio pendant deux heures pour un set… Là au moins, avec une dizaine de sons par heure, y a plus de chances de tomber sur quelque chose qui peut plaire.
On a investi dans la radio mais ça reste bénévole et on n’a pas encore les moyens d’aller plus loin. Notre but ce n’est pas de gagner de l’argent mais vraiment de donner ses lettres de noblesse à la communauté, changer la mentalité du mouvement, axé sur le partage, et que cela puisse avoir un impact sur toute la communauté électronique. On le fait par plaisir et on aime ce qu’on fait ! On est des gentils. (rires)
Yas : Il reste beaucoup de choses à faire et à perfectionner, on travaille sur une deuxième version du site, plus performante. On pense par exemple à créer une fiche pour chaque artiste avec ses podcasts. Notre objectif pour le long-terme, c’est vraiment de créer une plateforme pour les musiques électroniques, de devenir un site référent pour les communautés. On veut se concentrer là-dessus pour faire un truc vraiment pro.
Mamar : C’est ça, on aimerait que PWFM devienne le socle d’une communauté générale qui relierait tout le milieu techno. On fait pas de l’auto-promo, on veut être promoteur et vraiment pousser les autres. Certains nous remercient parce que grâce à la radio ils ont été repéré et booké quelque part, au Pigallion par exemple. Le Trésor à Berlin nous a même envoyé un EP en exclusivité parce qu’ils avaient adhéré au concept !
Promesses d’amour
Avec tout ça, vous projetez sûrement d’organiser vos propres événements ?
Yas : Pourquoi pas, mais on veut pas faire ça « quick & dirty », on préfère se concentrer sur la radio pour l’instant, ne pas brûler les étapes. Dès qu’on aura sorti la deuxième version de la radio dans un ou deux mois, on pourra s’y consacrer. On cherche de la qualité, à faire pratique, efficace, et toujours plus participatif. Quand on aura vraiment bossé dedans, ça se fera. En tout cas, y aura bien une soirée en 2016 ! Ça pourrait servir de tremplin pour nos meilleures producteurs, accompagnées de quelques guests. Mais on cherche pas à faire du bénéfice dessus, même s’il faut avouer que ça demande un investissement assez conséquent.
Quel serait le concept de votre soirée ?
Mamar : On voudrait réunir une communauté et proposer l’univers qui est celui du groupe, revenir aux sources, ne pas payer pour voir un artiste mais partager un moment entre gens sympas avant tout, peu importe les noms affichés.
Alors, PWFM ça serait quoi, en une phrase ?
Hmm… la première communauté électronique collaborative et participative !
On réunit vraiment des passionnés, les gens se connaissent, grâce à internet et au groupe tout le monde peut se rencontrer. C’est une petite famille maintenant.
Et la question traditionnelle du Limo : si vous étiez un cocktail, vous seriez quoi ?
Yas : Une pinte. Mamar : Un Picon Bière. Cami : Du vin blanc.
Des valeurs sûres quoi.
On vous souhaite le meilleur les amis ! A très vite sur les ondes ! Cheers !
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