Maintenant que les premieres ont été diffusées, intéressons-nous aux série de la mi-saison de cette année, avec quelques surprises à la clef
La période hivernale est toujours un peu délicate pour les amateurs de séries télé, les diffusions étant arrêtées parfois durant plusieurs mois. On est là, se demandant quoi faire de nos vies sans notre dose quotidienne d’aventure par procuration. Heureusement que certaines chaînes profitent de cette période pour lancer des projets qui n’auraient jamais vu le jour pendant les prime-time de l’année courante, nous offrant ainsi des perles. Retour sur les mid-season premiere de l’année 2016.
Shadowhunters, ou Hunger TwiVergentMaze Game
Quand le cinéma décide d’adapter des livres calibrés young adult au cinéma, on obtient souvent des films dont on se moque gentiment, mais qu’on prend plaisir à regarder par un dimanche pluvieux. Parfait pour se vider la tête pendant 1h30. Mais quand la télévision décide d’adapter le même genre de livre, ça ne donne pas forcément de bonnes choses.
Tiré de la très populaire série La Cité des Ténèbres (qui avait déjà eu droit à une adaptation pour le moins catastrophique au cinéma en 2013), Shadowhunters raconte l’histoire de Clary, une jeune adolescente ennuyeuse et clichée à souhait et Simon, son meilleur ami insupportablemenent insupportable. Ensemble, ils vont apprendre que le monde réel n’est qu’un vaste mensonge, qu’il est peuplé de toutes sortes de créatures issues de l’imaginaire collectif, anges, démons, vampires, loups-garou, sorciers, enchanteurs, etc, et qu’ils sont en guerre depuis des générations. Parce que c’est bien connu, les sociétés secrètes se font la guerre, quoi qu’il arrive.
Bon, je sonne probablement un peu aigre, mais il faut dire que c’est une énorme déception. Entre le jeu ridicule des acteurs, leurs personnages pleins d’incohérences et l’univers très peu crédible, la série laisse un arrière-goût dérangeant dans la bouche. Les livres sont calibré YA certes, mais un minimum d’attention aux détails de la part de la production ne peut qu’être bénéfique, parce que là, c’est du grand n’importe quoi.
À regarder si vous êtes amateurs de films et/ou livres YA, mais sans espérer y trouver la nouvelle révélation de la décennie. 3/10 pour les cheveux de l’actrice principale et pour l’univers qui pourrait être cool avec un petit coup de pouce, ou encore si Supernatural est trop mature pour vous.
Colony, ou Losting Dead chez les Aliens
Invasion extra-terrestre, mort et destruction, on a vu ça des dizaines de fois, à la télé comme au cinéma. Mais pas ici ! Colony prend à contre-courant les poncifs de la série post-apocalyptique, nous offrant quelque chose de (presque) rafraichissant. Après une invasion alien éclair, les habitants de la Terre se sont rendus sans conditions. Les Occupants dominent maintenant les humains, divisent les U.S. en petits secteurs et sont contrôlés par une élite en col blanc appelée les Collaborateurs. Et dans ces secteurs vivent les gens normaux, dans une ambiance qui rappelle très fortement la France pendant l’occupation Allemande : tickets de rationnement, couvre-feu, peu de ressources, peu de distractions…
Au milieu de ça, on retrouve Will (Josh Holloway, Sawyer de Lost), Katie (Sarah Wayne Callies, Lori de The Walking Dead) et leurs deux enfants. Ils essaient de faire au mieux pour survivre dans les meilleures conditions possibles et passer entre les mailles des filets des Collabos autant que ceux des Résistants. Le seul soucis dans ce plan de vie parfait, c’est que leur troisième enfant se trouve dans un autre bloc, et qu’ils feraient tout pour le retrouver.
Étrangement, j’ai été plus que conquis par les premiers épisodes de cette nouvelle série. Si on passe outre le typecasting de Sawyer et Lori qui jouent exactement les mêmes rôles que dans les deux show respectifs, la série est très agréable. Des cliffhangers qui se tiennent, des coups bas, des personnages à la moralité douteuse, au final tout ce qu’on attend de ce genre de séries post-apocalyptique qui prennent le parti de creuser la psyché des personnages plutôt que l’univers. Certes, on voit bien le budget limité à l’écran, les plans serrés y sont pour beaucoup, mais l’ambiance tendue d’une occupation de cette envergure n’en est que renforcée.
Un coup de cœur de cette mi-saison, à regarder si vous apprécier le post-apo non conventionnel, ou Sawyer de Lost. 7/10 pour l’effort de faire bien avec peu de moyen et pour le casting.
Legends of Tomorrow, là où le Arrow-verse vient mourir
Je vais vous dire un secret. J’aime bien le Arrow-Verse. Je trouve que Arrow c’est un série cool, qui ne se prend pas la tête et qui fait le job. The Flash est très surprenant, c’est drôle, un peu neuneu mais dans le bon sens, on ne s’y ennuie pas. Vixen était très bien, ça m’a rappelé la Ligue des Justiciers sur France3, mais en bien plus adulte et avec des jeux de mots marrants. Je partais avec un bon apriori pour Legends of Tomorrow. Grand mal m’en fasse. C’est horrible.
Pour le pitch, très simple, les personnages secondaires -voire tertiaires- du Arrow-verse se retrouve pour aller affronter un méchant à travers le temps. Dit comme ça, ça sonne bien. Mais c’est sans compter les efforts fait par toute l’équipe de production, de l’éclairagiste aux acteurs, pour rendre ça ridicule. Écrire sur le voyage temporel n’est jamais facile, on peut rapidement de perdre dans des paradoxes scénaristiques sans fin. Dans un sens, ça marche bien avec Dr. Who parce que c’est loufoque, mais dans le cas présent, c’est un échec rédactionnel dès le premier épisode. Félicitation, ne pas arriver à se souvenir des événements des séries dont les personnages sont tirés au bout des 12 premières minutes, je pense que c’est un record.
En quelques mots, c’est très laid, très très laid à un tel point qu’on pourrait se croire sur Playstation. Les acteurs sont déplorables, Arthur Darvill était phénoménal dans Dr. Who, ici il se donne à fond pour se faire virer ; Wentworth Miller est tout bonnement hilarant, je n’avais vu personne surjouer à ce point depuis très longtemps ; les autres sont simplement absent au mieux, pitoyable au pire. Tout ça saupoudré d’un scénario qui part en miette de minute en minute, on se retrouve avec le canard boiteux du Arrow-verse.
À regarder si on est fan absolu de Arrow/The Flash/Vixen. Ou alors attendre un épisode cross-over, ça fera l’affaire. 2/10 pour Wentworth Miller, parce qu’à chaque fois qu’il ouvre la bouche c’est pour sortir une réplique à tomber par terre.
The Magicians, ou Harry Potter pour adultes
Quand je dis adultes, je veux dire personnes qui ne sont pas choqué par la violence, le sexe, le gore, le langage ordurier, et qui ne sont pas outré quand les héros ont plus de 16 ans. Enfin de la fantasy qui donne envie ! On éclipse les personnages manichéens et les teen-dramas et on fait de la place pour les personnages complexes et les thèmes profonds !
Dans The Magicians, nous allons suivre Quentin Coldwater, un jeune homme à l’intelligence masquée par des crises d’angoisse et une dépression latente, dont le principal centre d’intérêt est la littérature fantastique, et plus particulièrement le monde de Fillory. Après une rencontre troublante, lui et son amie Julia se retrouvent à passer un examen d’entrée pour une université spécialisée dans la Magie, avec des cursus dans toutes sortes de branche, télékinésie, télépathie, tellurique, etc.
Quand Harry Potter est sorti pour la première fois, j’étais déjà trop âgé. Les livres/films ont pris en maturité, mais moi aussi, au final je n’ai jamais pu apprécier à sa juste valeur cette œuvre majeure. The Magicians prend cette place là laissée vacante, celle d’un Harry Potter pour les personnes un poil trop vieille. Et ça fonctionne à merveille. On est face à des personnages intéressants et complexes, loin des clichés du genre, et surtout crédibles dans des situations extrêmes, chose que l’on ne voit que très rarement, malheureusement. Une vraie bonne surprise, surtout venant de la chaîne SyFy.
À regarder si on regrette d’être trop vieux pour Harry Potter et trop jeune pour Columbo, si on aime la fantasy, ou encore si on aime être dépaysé. 8/10, un coup de cœur de cette mi-saison !
Mentions Spéciales :
- X-Files, ou le retour de la vengeance dans une dixième saison
Je n’ai jamais regardé X-Files de ma vie. C’est triste, mais c’est comme ça. Du coup je partais avec la légère appréhension de ne pas saisir les subtilités de cette dixième saison de la série culte. Et ça n’a pas loupé. Je me suis noyé du début à la fin sans la moindre base sur laquelle m’appuyer pour comprendre les personnages, leurs relations, les enjeux, ni même ce qui était en train de se passer.
De ce que j’ai pu constater, l’épisode 10×01 est lent, très lent. Pas vraiment bien joué, légèrement tiré par les cheveux, et surtout, ça surfe sur une vague pro-américaine à peine voilée. En général, ça ne me dérange pas vraiment, des shows comme Madam Secretary ou The Newsroom parviennent à marier ça avec un bonne intrigue, mais là, j’ai été légèrement écœuré. Je n’ai pas le courage de regarder 9 saisons de X-Files pour apprécier la dixième, je passe mon tour.
À réserver aux amateurs de X-Files.
- Stan Lee’s Lucky Man
Stan Lee est une telle superstar qu’il donne son nom à une série télévisée. Je suis un peu jaloux. Diffusée sur Sky1 outre-manche, la série suit un détective borderline (interprété par James Nesbitt) doté d’un artefact pouvant faire jouer la chance en sa faveur. Pitch intéressant, créateur exceptionnel, casting fabuleux, on pourrait croire que c’est le show parfait. Au final, on se retrouve face à une histoire plutôt classique, un caméo ridicule et un jeu d’acteur moyen tout ça au milieu d’une production paresseuse.
Une série moyenne, qui fera passer un bon moment sans rester graver dans nos mémoires. 6/10.