Hasta la vista - 7,5/10

Un film de Geoffrey Enthoven (2012 - Belgique) avec Gilles De Schrijver, Robrecht Vanden Thoren, Tom Audenaert, Isabelle de Hertogh

Déconcertant de sensibilité et de tendresse.

L'histoire : Philippe, tétraplégique, Lars, paraplégique et atteint d'une tumeur au cerveau, et Josef, aveugle, la vingtaine, sont potes et, malgré leur handicap, matent les filles et se désolent d'être toujours puceaux. Car qui voudrait d'un "mongol" comme ils se désignent eux-mêmes ? L'un d'eux apprend qu'en Espagne, une maison close s'est spécialisée dans l'accueil de gens comme eux. Ils décident d'y aller, en cachette de leurs parents, louent un minibus et engagent un chauffeur-infirmier, Claude, qu'ils pensent être un homme vu son prénom, mais qui s'avère... de sexe féminin. Gênant... Début d'un voyage épique.

Mon avis : Cette histoire de handicapés en quête d'expériences sexuelles ne me disait rien qui vaille. Mais les critiques étaient tellement bonnes, autant côté presse que côté public, qu'il fallait bien tenter ! Et le cinéma belge offre de si bonnes surprises...

Et bien c'en est encore une. Etonnante histoire, racontée avec une infinie délicatesse, même dans les moments les plus intimes de ces messieurs (toilette)... une épreuve pour eux, totalement dédramatisés par les trésors d'humanité et de tendresse de Claude. Rien de scabreux, rien de vulgaire, rien de pathos ; les personnages se moquent d'eux-mêmes et nous rions avec eux. Ils sont tellement attachants (superbe interprétation) qu'on les quitte avec tristesse à la fin.

Un film formidable qui non seulement offre aux handicapés une très jolie exposition, mais nous donne même envie de leur tendre enfin la main, de faire plus attention à eux, de les dorloter au lieu de détourner pudiquement les yeux, gênés, pauvres abrutis que nous sommes !

Il s'inspire d'une histoire vraie : l'Américain Astaphilpot, cloué dans un fauteuil, a vécu l'expérience et a ensuite organisé des voyages pour que d'autres handicapés puissent se rendre en Espagne. Il a aussi fondé une association pour les encourager à avoir une vie sexuelle "normale" et à le faire comprendre à leur entourage.

Hasta la vista a été encensé par la presse, mais le public français a boudé : 150.000 entrées. Pourtant, ceux qui l'ont vu ont adoré, globalement. Alors, pourquoi le bouche-à-oreilles n'a-t-il pas fonctionné. Sans doute à cause du sujet, puisque moi-même je l'avoue, je "craignais" le pire... vu ce qu'on nous inflige comme vulgarités même sur les intrigues les plus soft.