A la Faveur de la Nuit

Par Belzaran


Titre : A la faveur de la nuit
Scénariste : Jimmy Beaulieu
Dessinateur : Jimmy Beaulieu
Parution : Octobre 2010


Alors qu’il travaille sur un projet de bande-dessinée, Jimmy Beaulieu dessine de le scinder en deux. Le premier sera « Comédie sentimentale pornographique », sorti chez Delcourt, le seconde sera « à la faveur de la nuit » aux Impressions Nouvelles. Si le premier tient du roman graphique avec comme fil rouge la découverte de l’hôtel acheté par l’un de personnages, le second est bien plus disparate. On retrouve de nombreuses histoires avec des protagonistes différents. Prévu comme un recueil d’histoires (voire une réédition des travaux de l’auteur), Jimmy Beaulieu a ajouté un fil rouge (incarné par deux femmes) qui, au final, pèse une cinquantaine de pages !

Cet ouvrage, de par sa conception disparate, est loin d’être facile d’accès. Deux femmes sont dans un hôtel et se raconte des histoires. Jusque là tout va bien. Mais à un moment s’intercale une histoire qui les met en scène, amenant un vrai fil rouge à suspense. Une relecture du livre se révèle alors nécessaire pour bien en saisir tout le sens.

Un ouvrage disparate tout en érotisme.

Même si la variété des histoires de cet ouvrage peu désorienter le lecteur, un point commun est facilement discernable : l’érotisme. Les femmes sont toujours en petite tenue (ou entièrement nue) et la sexualité de tous les instants. Le côté explicite des scènes le réserve à un public d’adultes. Plus que ça, une certaine ouverture d’esprit est nécessaire.

Cependant, il serait dommage ne se cantonner qu’à l’aspect sensuel de cet ouvrage. Il y a plus que ça dans les histoires. Alors que le fil rouge paraissait n’être qu’un prétexte, il instaure un vrai suspense et un épilogue qui nous touche plus que l’on ne l’aurait cru. Surprenant.

« à la faveur de la nuit » est un vrai hommage à la sensualité féminine. Les hommes y sont systématiquement faibles ou affaiblis. Les femmes apparaissent toujours dans une forme de majesté ou de nonchalance érotique. Plus que fantasme sexuel, elles semblent ici n’avoir pas besoin des hommes. Et dès qu’elles comptent sur l’un d’eux, il fait tout rater.

Le dessin de Jimmy Beaulieu continue de m’éblouir dans cet ouvrage. Il se dégage un érotisme de tous les instants. Le trait est dynamique, proche du croquis. La variété des techniques utilisées permet d’accentuer certaines scènes. Le travail sur la couleur est remarquable et permet d’identifier à lui seul les différents changements de narration.

L’aspect disparate rend « à la faveur de la nuit » peu accessible. Le travail sur un fil rouge est appréciable et assez remarquable, même s’il ne peut gommer entièrement le fait que ce livre est en partie un recueil (on y retrouve même une carte de vœux !). D’ailleurs, l’auteur explique à la fin comment s’est créé l’ouvrage, les pages qu’il a ajoutées ou modifiées, quel était le projet à l’origine… Résultat : toutes les pages sont identifiables et datables. Une initiative dont de nombreux auteurs et éditeurs devraient en prendre de la graine !

Certes cet ouvrage n’est pas le meilleur point d’entrée pour découvrir l’œuvre de Jimmy Beaulieu. Cependant, elle possède tous les charmes de l’auteur, de la sensualité du trait à l’érotisme de son propos. A la fermeture du bouquin, je n’avais plus qu’une envie : aimer les femmes et leur faire l’amour.