Un documentaire dont m’a parlé Sandrine C. et que j’avais loupé au cinéma.
Une bonne occasion de découvrir un travail de documentariste hors du commun qui s’apparente un peu à un huis clos entre femmes.
90 minutes pendant lesquelles vous porterez un regard neuf sur l’agriculture au féminin. Pour peu que vous soyez novice en la matière comme moi, ce sera une entrée touchante dans l’élevage de chèvres, du petit matin au soir.
Maguy part à la retraite mais souhaite laisser son cheptel entre de bonnes mains. Plus dur qu’il n’y parait, elle a décidé pourtant de faire la transmission avec Anne-Sophie, une jeune agricultrice.
C’est dans le Verdon que la femme pleine d’une expérience déstabilisante guide son troupeau et a fait de ses chèvres ses véritables amies.
En pleine nature, en pleine campagne entre sa fromagerie et sa maison, on va, en temps que spectateur, à la rencontre de cette femme qui n’épargnera pas la jeune femme qui souhaite prendre sa suite.
A l’écoute, Anne-Sophie ronge son frein et veut apprendre.
Elle se tait, attend, patiente et observe jusqu’à ce que Maguy lui ouvre les portes de la voie vers sa terre et vers ses chèvres. Un parcours qui va s’avérer long et tumultueux pour les deux femmes.
Derrière la caméra, Sophie, la fille de Maguy filme, prend en photos, immortalise pour apaiser les esprits et rendre le moment moins dur.
Mais est-ce que tourner la page ou reprendre la suite est si facile que ça n’y parait ?
Pas sûr.
Un documentaire empreint de vérité et d’émotions fortes. Aucune musique ne vient contredire les sentiments qui submergent les deux femmes.
Juste le doux bruit de chèvres qui vivent et aiment aussi leur terre, l’apaisement sifflotant de Maguy qui mène son troupeau avec simplicité et humilité et le ronronnement d’Anne-Sophie qui semble avoir autant de questions dans la tête que d’espoir dans le cœur.
C’est violent en même temps d’être apaisant et ça révèle avec réalité non dissimulée, la difficulté à quitter son activité ou à reprendre un cheptel.
Quelque soit le domaine, ce film révèle qu’il est parfois compliqué de s’entendre professionnellement entre générations et souvent nécessaire de devoir faire ses preuves.
Une pointe d’agressivité voire de méchanceté qui est rétablie en maladresse. Regardez les bonus, vous y verrez plus clair.
Comme un deuil, comme une sortie mal assurée, Maguy donne aussi à voir un hommage à l’élevage.
Les chèvres de ma mère, Sophie Audier, 2014