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Non la solution ne peut plus venir d’un chef omniscient et omnipotent
Publié le 03 février 2016 par Rbranche @RobertBranche
2017 : Le Réveil citoyen – Introduction (1)
Maintenant, voici en 5 billets, l’introduction de mon livre :
Ah, si le monde fonctionnait selon les principes d’une recette de cuisine, comme tout serait simple ! Un monde bien prévisible, où il suffirait de choisir les bons ingrédients et de suivre les indications fournies pour obtenir à chaque fois le même plat, celui qui correspond à la photographie dans le livre.
Quand j’écoute les hommes politiques, participe à leurs réunions, ou échange en direct avec eux, je vois que c’est à cela qu’ils rêvent tous : une pincée de TVA en plus ou en moins, le mélange savamment dosé de trois taxes précédemment autonomes, la fusion de ces deux agences, un plan pour la relance de telle ou telle industrie, de nouvelles aides fiscales pour le logement, la nième refonte de l’apprentissage de la lecture… et le miracle devrait surgir ! Comme dans un tour de magie, les lapins de la croissance, de la chute du chômage et du bonheur social vont surgir du chapeau du Maître Queux.
Car autre caractéristique bien française, chacun de nos politiques se sent l’âme d’un grand chef : non seulement, ils s’imaginent capables de maîtriser l’incertitude, mais ils se voient en un Paul Bocuse ou un Alain Ducasse de la politique. Un sauveur, un homme miracle. À leur décharge, la nostalgie du Général de Gaulle rivalise dans les couloirs de notre démocratie avec celles plus lointaines de Napoléon ou de Louis XIV, quand ce n’est pas de Vercingétorix.
Bref si cela ne va pas aujourd’hui en France, c’est soit parce que l’on n’applique pas la bonne recette, soit parce que le chef n’est pas le bon, ou le plus souvent dans l’esprit de tous, à cause des deux. Car c’est bien ce que l’on attend d’un grand chef : trouver et appliquer la bonne recette. Même Marine Le Pen prend des élans gaulliens, quand elle ne s’incarne pas en une Jeanne d’Arc mâtinée d’une Astérix en jupons partie à la reconquête du monde. Le soir, dans les tréfonds de la cuisine de l’hôtel particulier familial à Saint Cloud, je l’imagine avec son Panoramix de père, en train de concocter une potion magique. Du moins jusqu’à un passé récent… Tous des sauveurs quoi !
Mais est-ce bien raisonnable de penser et d’agir ainsi ? Comment croire que, dans notre monde hypercomplexe, la solution pourrait venir d’en haut, d’un chef accompagné d’un aéropage fusse-t-il le plus compétent ? La France s’est certes construite grâce à la centralisation et une conception jacobine du pouvoir, mais ne serait-il pas temps de comprendre qu’il faut changer de paradigme ? Ne faut-il pas renverser la table pour ne pas être emporté par les mouvements en cours ? N’est-il pas urgent de redonner la parole à nos territoires et de bâtir notre avenir collectif sur un logique ascendante ?
(à suivre)