Le forum économique de Davos est, tous les ans, l’occasion pour différentes organisations non gouvernementales zumanistes, journalistes très conscientisés et autres politiciens du camp du Bien de rappeler à quel point les riches sont beaucoup trop riches alors qu’en même temps, les pauvres sont beaucoup trop pauvres. 2016 n’a pas échappé à la règle et se sont succédé études douteuses et sondages affligeants.
Oxfam nous a ainsi bassiné avec les palpitants (et pas du tout attendus) résultats de son analyse de la situation mondiale en termes d’inégalités en trouvant (ô surprise) que les inégalités se creusent (encore !), que les riches sont (encore !) plus riches et les pauvres sont bien sûr (encore !) plus pauvres. Les médias, notamment français, se sont empressés de relayer scrupuleusement les petits chiffres de la gentille organisation pro-gouvernementale. Et même lorsque des doutes grossiers ou des limites évidentes apparaissent, la presse n’hésite pas à sauver le soldat Oxfam en l’absolvant généreusement de ces grosses approximations. Autrement dit, on peut bien raconter des calembredaines si elles vont dans le sens communément admis que les (salauds) de riches, s’ils s’enrichissent, c’est bien en piquant leurs richesses aux pauvres.
Et à chaque fois que, dans l’actualité, le fameux forum est évoqué, la même presse n’hésitera pas à utiliser de fines ellipses pour le désigner : temple du capitalisme, les cimes du capitalisme mondial, bref, on sent bien que le capitalisme pose un grave souci, c’est évident, et que nos politiciens s’y pavanent semble chatouiller nos élites journalistiques. Ne comptez cependant pas qu’ils dénoncent la connivence des politiciens avec certains grands capitaines. Non. Ce qui chatouille les journalistes, c’est bien que des riches puissent s’afficher si ouvertement, à la face du monde alors que, normalement, la honte d’être ainsi parvenus à amasser fortune devrait les submerger.
Dès lors, on ne peut s’étonner que, lorsqu’on leur demande, les Français montrent plus que des réticences vis-à-vis du capitalisme. Les années précédentes, La Croix avait même commandé un sondage concomitant au vilain forum des riches, pour jauger de l’opinion des Français en la matière. En 2011, le sondage ne laissait aucun doute : un gros tiers n’était vraiment pas pour et souhaitait même son abandon. En 2013, le même sondage montrait une tendance alarmante : le capitalisme ne recueillait qu’une vingtaine de pourcent d’opinions favorables.
Ah oui, décidément, ces riches qui s’enrichissent, ce capitalisme qui s’installe partout (vraiment ?) et ce libéralisme qui dégouline de tous les pores de nos politiciens français (mais si, mais si !), trop c’est trop !
D’ailleurs, pour contrebalancer ces aspersions gigantesques de capitalisme et d’ultranéolibéralisme, pourquoi ne parle-t-on pas plus des réussites de ces modèles économiques et sociaux alternatifs qu’un nombre croissant de Français semblent réclamer de façon véhémente ? Qui nous narrera les passionnants rebondissements et la croissance phénoménale du bonheur brut par habitant des pays qui ont su choisir l’alternative au capitalisme, comme le Brésil, l’Argentine ou mieux encore, le Venezuela ? Qui, à part Libération, l’Humanité, Le Monde, le Monde Diplomatique ou tant d’autres, saura expliquer à tous les Français que ces pays, et tant d’autres, expérimentent chez eux et avec succès l’arrêt du capitalisme ?
Et ça marche.
Les réussites flamboyantes des régimes étatiques plus ou moins musclés passés ou présents font peu de poids face aux promesses de lendemains qui chantent que nos journaux nous narrent avec application. En plus, le discours fonctionnera d’autant mieux dans les journaux qu’il aura été entendu préalablement avant, qu’il aura été expliqué et détaillé, par exemple à l’Université, dans les lycées et les collèges républicains, jusque dans les écoles où tout sera pensé, ouvragé pour conscientiser le futur petit citoyen.
Les citoyens, éduqués à la pensée anticapitaliste, baignés dans l’ambiance anticapitaliste depuis le journal du matin jusqu’à celui du soir, ne conçoivent plus la société que comme une lutte permanente contre ces riches qui les dépossèdent évidemment (!) du fruit de leur travail. La liberté n’est plus qu’un mot creux utilisé exclusivement pour créer de nouvelles restrictions, pour mieux corseter ces salauds de riches dont, bizarrement, le nombre ne cesse de croître lorsqu’il s’agit de payer taxes et impôts.
Quant aux politiciens, ils ont bien compris qu’un discours réellement libéral ou pro-capitaliste revient à signer leur arrêt de mort et fournissent donc ce qui est demandé.
Du reste, comment faire comprendre le capitalisme lorsque son « application » à la française consiste à faire injecter 5 milliards d’euros de l’État (des contribuables donc) directement dans le capital d’Areva, une entreprise énergétique ? Pourquoi nos médias tentent-ils d’expliquer que, subitement, c’est devenu le rôle de l’État de produire de l’électricité ? Pourquoi expliquent-ils que le capitalisme aurait subitement pour but de faire durer des canards boiteux, en allant piocher dans les poches du contribuable ? Pourquoi tentent-ils de faire comprendre que le capitalisme serait un jeu génial où les gains sont individuels et les pertes immédiatement collectivisables pour ces personnes bien placées auprès des gens portés au pouvoir grâce à leur démagogie ?
Peut-être faudrait-il commencer par expliquer que l’État qui intervient dans l’énergie, ce n’est pas du capitalisme, c’est de l’étatisme ? Que l’État qui pioche dans nos poches pour sauver des boîtes coulées par des incompétent(e)s, c’est de la connivence ? Que l’État qui décide directement de l’allocation de votre argent à votre place, c’est du collectivisme ? Que ni étatisme, ni connivence, ni collectivisme ne sont du capitalisme, et encore moins une expression même lointaine du libéralisme ?
Mais voilà : expliquer tout ça, ce serait revenir sur des décennies de discours, de positions et de dogmes qui ont bâti l’utopie française, celle dans laquelle le capitalisme apporte évidemment la misère (surtout là il ne sévit pas), et où l’État détient évidemment la solution aux terribles dérives observées partout où son action n’a pas été profonde, totale et irrémédiable. Revenir là-dessus, ce serait admettre que certains programmes de l’Éducation Nationale sont lourdement orientés, que la presse n’a plus rien de neutre ou d’objectif ou que la télévision distribue plutôt de la purée que des informations…
Et ça, c’est absolument impensable.
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