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Un roman entre ombre et lumière le soleil à mes pieds de Delphine Bertholon

Par Eirenamg

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Ce roman étrange de Delphine Bertholon m’a totalement embarqué dans cet univers où se côtoie deux personnages féminins: la Petite et la Grande.

On comprend que leur relation est dysfonctionnelle, suite à un évènement de leur passé et que la Grande, domine, tyrannise sa jeune sœur. L’une à 22 ans, l’autre 24 ; l’une a du mal à s’intégrer, elle veut s’effacer malgré son physique attirant, l’autre veut prendre toute la place. La Grande est infirmière au Samu, elle parle fort, s’invite chez sa petite soeur et la bouscule.

La Petite est touchante, dans sa volonté de s’effacer, dans son obsession de la propreté, son incapacité à dire non. Elle se compare à une grande girafe maladroite qui ne connait pas les codes de notre société. Peu à peu, une suite d’évènements va faire exploser ses codes et cadres habituels, des rencontres et un objet particulier : une paire de sandalettes dorée qui lui rappelle sa mère.

J’ai aimé la fragilité, le mode de fonctionnement de la petite, son envie de bien faire, puis son évolution dans la dernière partie du roman. Son mode de pensée est originale comme sa volonté d’essayer de se trouver une place loin de sa sœur.

La Grande est plus complexe, détestable au début et au fur et à mesure de l'intrigue, de la découverte de leur passé commun ; on la trouve finalement terriblement humaine dans la dernière partie.

Les 2 personnages complexes, loin d’être manichéens réagissent tous les deux différemment à un choc traumatique de leur enfance. On retrouve la relation particulière au corps qui m’avait plu dans le dernier roman de l’auteur. L’importance des sensations, émotions notamment ce soleil, ces souvenirs qui ressurgissent dans la tête de la Petite. L’importance aussi des odeurs, une atmosphère anxiogène dans les cauchemars récurrents de la Petite qui m’ont évoqué les climats parfois d’épouvante des films d’horreur.

L’auteur traite de manière originale, une histoire qui aurait pu être banale mais dont la construction en puzzle, les allers retours et l’évolution des personnages tiennent en haleine. Elle réussit dans la dernière partie du récit à nous emmener ailleurs, tout en gardant une humanité à chacun de ses personnages. J’ai eu l’impression d’être dans un film avec cette importance des détails, notamment des lieux : la chambre de bonne de la petite, l’appartement dépotoir de la grande, la chambre de la mère, le café.

L’auteur réussit le tour de force de nous embarquer dans cette histoire d’une domination originale entre sœur, une plongée dans les traumatismes de l’enfance sans pourtant être dans le pathos et l’horreur. Un récit original, émouvant, qui gagne en intensité et qui m’a envouté. J’ai passé 3h de lecture hors du temps, en ayant peur et en espérant pour la petite, en détestant puis en comprenant mieux la grande. Jusqu’au très beau dénouement poétique.

Je suis donc à nouveau conquise par la plume sensible de l’auteur qui a réussit à me faire m’évader et me surprendre. Donc n’hésitez pas à découvrir le soleil à mes pieds, la musicalité, l’alternance entre ombre et lumière de ce texte, ses personnages atypiques  vous accompagneront longtemps.

PS : Félicitation à Delphine Bertholon, de faire vibrer à chaque fois une corde ou une émotion différente, avec ses beaux personnages de papiers.


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