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Fidel Castro avait déjà fait le déplacement vers la France en 1995 dans un cadre non officiel. La venue de son frère Raul qui lui succède en 2008 à la tête du pays est toutefois une visite symbolique qui marque la fin de l'isolement de Cuba. En mai 2015, François Hollande, soucieux de tisser des liens économiques avec un pays qui s'ouvre progressivement à l'économie de marché, devenait le premier chef d’État occidental à fouler le sol cubain depuis 1959. Un an plutôt, Laurent Fabius fut le premier ministre des Affaires étrangères européen à se rendre à La Havane. Une antenne Ubi France avait été ouverte dans la foulée.
Alors que la levée de l'embargo américain sur Cuba se profile, la France cherche à se positionner sur ce marché et saisir les opportunités qu'il offre. Actuellement 10e partenaire économique de Cuba, loin derrière la Chine, le Venezuela et les États-Unis, la France entend renforcer la présence de ses entreprises dans des secteurs stratégiques comme la construction, l'énergie, le transport et le tourisme, afin de ne pas passer à coté de l'ouverture économique d'un pays affaibli par près d'un demi siècle d'embargo américain.
Plusieurs groupes français ont déjà investi à Cuba, comme le groupe Pernod-Ricard dans la production du rhum Havana Club, mais aussi Bouygues dans le bâtiment et la construction, Accor dans le tourisme, Total et Alstom dans l'énergie, ou encore Alcatel-Lucent dans les télécommunications.
Au delà des intérêts économiques, sur le plan politique il s'agit également pour la France de faire de Cuba un allié stratégique et une porte d'entrée indéniable pour l'Amérique latine, en contrepartie du rôle clé qu'elle pourra jouer dans le rapprochement entre Cuba et l'Europe. C'est d'ailleurs sous la pression de la France que le 12 décembre 2015 le Club des créanciers de Paris a accepté l'annulation des intérêts de retard qui formaient 80% de la dette cubaine de 11, 9 milliards d'euros (dont 3,7 milliards d'euros de créances françaises). L'autre partie de la dette étant restructurée en projets franco-cubains.
Au terme de cette visite d’État, une douzaine d'accords commerciaux et de notes de coopération bilatérales ont été signés. Cette coopération franco-cubaine constitue un pas important de la Havane afin d'améliorer ses relations avec l'Occident, et lui donne aux yeux du monde une image plus fréquentable.
"Nous pouvons nous fixer ensembles des objectifs et des projets communs qui contribuent au développement de nos deux nations et de l'humanité" a déclaré le président cubain lors d'une conférence de presse commune, durant laquelle son homologue français a lancé un appel à Barack Obama afin de lever l'embargo de son pays sur Cuba: "le président Obama qui a fait de nombreux gestes doit aller jusqu'au bout et permettre qu'il puisse y avoir la fin de ce vestige de la guerre froide".
La France dame ainsi le pion aux États-Unis et gagne un partenaire politique et économique non négligeable dans cette région du globe.
Cependant, François Hollande n'a que peu insisté sur les problèmes des droits de l'Homme dans un pays où les restrictions à l'égard du peuple demeurent fortes en dépit des quelques assouplissements observés ces dernières années, et qui figure à la 169e place du classement de la liberté de la presse; l'objectif était ailleurs.