Dans ce roman, plus court que les deux précédents, le narrateur est encore enfant. Alors qu’il se prépare à aller à Venise et à Florence, deux noms qui le font rêver, le médecin de famille défend absolument qu’il s’y rende à cause de sa santé trop fragile. Il occupera donc ses journées en allant jouer sur les Champs Elysées, un jardin où il retrouve Gilberte Swann, pour laquelle il éprouve un amour très fort. Au cours de leurs jeux, ils semblent se rapprocher davantage l’un de l’autre. Mais, bientôt, Gilberte apprend au narrateur qu’elle ne viendra plus jouer aux Champs Elysées et il est affreusement déçu et malheureux. (…)
Dans ce roman, Proust approfondit l’étude du sentiment amoureux, mais transposé dans le monde de l’enfance, où il prend des dimensions merveilleuses et pures. Ainsi, le narrateur attribue à tout l’entourage de Gilberte des charmes et des propriétés extraordinaires, il ne se lasse pas de prononcer le nom de la rue où elle habite, il se sent ému à l’idée qu’il pourrait croiser le père de Gilberte dans la rue.
Les premières pages du roman sont une sorte de rêverie autour de certains noms de villes – spécialement italiennes – le nom de Parme étant par exemple une fantaisie autour de la couleur mauve et de la Chartreuse de Stendhal.
Une chose intéressante dans ce livre est de nous montrer certains lieux parisiens – je pense ici au Bois de Boulogne – tels qu’ils étaient au début du 20ème siècle, c’est-à-dire des lieux de promenades où les élégantes faisaient défiler devant leurs admirateurs leurs attelages et leurs atours, et où leurs amis et connaissances pouvaient venir bavarder avec elles en toute discrétion.
J’ai trouvé que « Nom de pays : le nom » était une sorte de voyage dans le passé, à la fois dans le Paris de l’époque de Proust, et à la fois dans le temps des amours d’enfance, et donc un roman plein de charme. Par ailleurs, l’écriture est toujours aussi magique que dans les deux livres précédents.