Du vent dans les ailes
Je vous parle d’un temps que les moins de vingt ans… Montmartre, la place du Tertre, les Abbesses, la rue Lepic, ses prolos, ses vrais et faux artistes, ses petits mecs à la coule, ceux d’en bas qui venaient y sentir l’air de la canaille, ses cabarets, ses travelos… un Paris de la nuit qui est bien mort et enterré. Dalida s’y installa, au calme, et elle a aujourd’hui sa petite place. La ville reconnaissante. Michou, toujours très « Cage aux folles », hante encore les lieux, icône vivante d’un passé figé.
Le Moulin de la Galette a connu Louis XV car construit en 1717. Il fut un peut tout au fil du temps mais finit en guinguette et l’on guinchait sous le fameux moulin. Pris, acheté, repris, refermé, ces dernières décennies furent pour le moins agitées. Fermé sept mois, relooké, rajeuni, pimpant, nouveaux propriétaires, nouveau chef bien dans ses fourneaux, le voilà à nouveau près au départ et d’ailleurs bien parti depuis sa réouverture en fin d’automne 2015. La légende renait de ses cendres.
Décor frais, lumineux, sur des tons blancs et gris du meilleur goût, bar agréable et terrasse l’été dans l’adorable petite cour. Hommage à la cuisine française de tradition mais revue et revisitée par un chef, Anthony Detemmermann, qui a fait ses classes chez Michel Rostang, entre autres bonnes maisons. Carte courte et nette, en sept entrées, six plats, trois viandes au four Jasper, et cinq desserts. Ça suffit pour se régaler.
Velouté de potimarron, émulsion de jambon cru, toast gratiné au Beaufort, en un vrai plat d’hiver qui tient chaud au corps et vous confirme que le froid a du bon. Savoureux, crémeux, et la bonne idée du toast au fromage montagnard.
L’œuf de Marans (célèbre race de poule) poché, fricassée de champignons, mousse de pommes de terre. Une belle entrée très travaillée, agréable sur des textures molles et douces, et pleine de saveurs.
Cabillaud rôti au thym, panais et carottes grelots, beurre blanc au cédrat. Malgré une présentation discutable avec ses gros morceaux de légumes et un peu trop de beurre blanc dans l’assiette, l’ensemble est satisfaisant bien qu’un peu neutre dans les saveurs.
Soufflé au chocolat noir, crème fouettée et fruits secs. Riche, copieux, un peu épais sinon farineux en bouche, mais bien sur le chocolat et bonne idée des fruits secs pour le craquant.
Carte des vins bien fournie en rouges sur les grandes appellations, complétée par un bon choix de vins au verre, varié et abordable (à partir de 5 €). Service diligent, aimable et motivé pour bien présenter les plats. Bon suivi entre cuisine et salle.
Une cuisine bien faite, savoureuse, des plats bien travaillés par un chef appliqué, et un hommage marqué à la cuisine française. Une belle ambassade pour les touristes friands de retrouver nos classiques et une adresse gourmande pour les parisiens qui pourront ainsi redécouvrir ce quartier du haut de Lepic, serein, calme et plein de charme.
75018 Paris
Tél : 01 46 06 84 77
www.lemoulindelagalette.fr
reservation@lemoulindelagalette.fr
M° : Lamark-Caulaincourt
Voiturier midi et soir
Fermé dimanche soir et lundi
Menus : 22 € (2 plats) – 28 € (3 plats)
Plat : 16 €
Carte : 55 € environ