La « Groove Lesson : Hip-Hop & Funk Party » débutait ce vendredi 6 juin vers 22 h avec un set du DJ Mulhousien Leeben, habitué du Noumatrouff et résident du V-Club. Son « Global Groove » parcourt le monde : après un début très « Indianploitation » aux vocaux Bollywood sur boucles Banghra aux prolongements electro-ambients et petits oiseaux cri-crissants.
On aborde par l'avenue James Brown et ses JBs millésime 71 d'un « Yeaeah Let's Gimme Some More » un aspect plus urbain avec du hip hop entrecoupé d'un piano latin, puis plus soulfull sur fender rhodes, un track Blue Note remixé par DJ Shadow, un autre plus collectif Gangstarap chanté en meute (Snoop Doggy Dog ?), et pour finir un Ethio Funk lent de Mulattu Astatqué remixé.
Ty et son groupe ont installés trois claviers claviers, batterie, boîte à rythme, basse électrique et micros. Elias Finberg, MC originaire des environs Woodstock joue les Maîtres de Cérémonie et chauffeur de salle avec le Beatboxeur Rhum One dans un court un set d'introduction. Rhum One arrive à imiter à la fois les scratches de vinyles, le Beat Broken et le la Tek Boum Boum, puis plus naturel le didgeridoo australien ralenti, le zarb iranien et l'electro. Ce n'est PAS QU'UNE machine. Eli Finberg harangue le public qui ne s'approche pas dans son style poétique à l'accent mélodique, s'adaptant au lieu : « Vous Préférez rester derrière lui, mais le Bouddha voit tout », puis part en Espagnol : « Y'a des Espagnols dans la salle ? Tant pis » et lance un chorus en espagnol sur « alléluia », puis en français émaillé d'anglais.
Ty arrive avec bassiste, claviériste, batteur et deux superbes choristes noires. Ses lunettes lui donnent un petit côté Spike Lee en plus balèse. Les claviers commencent, puis deviennent de plus en plus rythmiques sur la batterie au rythme Afro Broken, et Ty arrive « Ev'rybody wants to be the master of the words/ Standing at the dock of the bay » chantait Otis Redding, sur des roulements de batterie et enfin « Hold That Thing ! », part pour de faux, « Pull up ! » (plutôt usité dans le ragga Jamaïcain, mais ne le fera qu'une fois alors que Capleton est capable de gâcher tout un concert en ne terminant aucune chanson) entraînant la chute rythmique claviers/batterie.
Après un début rythmique, il allie la puissance à la mélodie du flot, prolongés par les vocaux féminins des choristes très groove, soutenu par le tempo du batteur en drum'n bass, la basse funk et les deux Soul sisters, s'arrête pile et figé, puis recommence pour la vraie fin au ralenti. Même s'il est bien plus connu qu'eux, Ty gratifie d'un « Big Up » Rhum One et Elias sous les applaudissements du public.
Il poursuit avec « Wait A Minute », extrait de son album « Upwards » en 2003, et qu'il a déjà chanté au festival de Jazz Montreux, sur un rythme Groove Broken Beat syncopé, plus cool sur le clavier et la basse groove, puis la voix sur les claviers, les choristes et un break de batterie. Des deux choristes, la plus enrobée est en vert, l'autre plus en bleu avec un bandeau violet dans les cheveux. Ignorant leurs noms, je les appellerai Mama Green Funk et Lady Blue Soul, quoique ces deux qualités soient également partagées entre elles. A leur chorus, Ty se place derrière elles, faisant faussement mine d'être en colère de s'être fait voler la vedette. Le public répète les paroles, le fender rhodes répond aux voix, improvise avec elles. L'émotion rythmique de la répétition est plus forte en Live, s'enfle de puissance, presque jusqu'à la transe, un peu comme Nusrat Fateh Ali Khan dans le khyal indien, dans un tout autre style.
Ty - Wait a minute
Ty continue avec l'une des chansons favorites du dernier album « Closer », « Everybody », proto dance-hall rapide et tournoyante, à la manière d' « Oh You Want More ? », où il semblait le Monsieur Loyal des barraques foraines du ghetto de Londres, avec les chœurs de Mama Green Funk et Lady Blue Soul partant sur la basse groove. Cette fois il se repose sur elle, derrière elles tandis qu'elles prolongent les ooooh finaux à tour de rôle, Mama Green avec plus de puissance, Lady Blue avec plus de Soul, se complètent dans l'alternance.
C'est la dernière date de la tournée, qui fut fatigante mais excitante. Suit un autre titre d' « Upwards », « I Want 2 » (Pill it ou Kill It) repris par le public sur les claviers cool et les choeurs soul répétant « I Want 2 » en écho, puis soudain, Ty change de rythme, part en latin groove relevé de rhodes et termine dans les premiers rangs le poing levé. Les choristes finissent par un long chorus dont cette fois Lady Blue aura la dernière note. Richard Spade est à la batterie, Drew aux claviers, comme sur « Upwards ». « Right Now » est plus Broken Hip Hop, avec une batterie Drum'n'Bass. Sur « One », la strophe rappelle « I Want 2 » mais avec des chœurs cette fois plus mélodiques, suivis par la basse mélodieuse sur les vocaux et le clavier avant une impro des choristes. Blue soutient la ligne rythmique quand Green s'envole sur la batterie, mais il reste toujours un élément rythmique fort qui fait danser et un élément mélodique plus spirituel qui contribuent qui fait rêver dans ces chansons.
« Want to Go home ? » demande Ty "NO !" "All Right ! Hope You don't mind...Need people who love music" Les synthés soufflent sur une basse Jungle en introduction à « Look 4 Me », la chanson la plus proche des vocaux pygmées et des origines Nigérianes de Ty par ses chœurs assurés par les choristes, sur lesquels Ty pose sa voix. Ces tuilages vocaux complexes sont magnifiques en soutien au flot plus rapide de Ty, puis se font syllabiques A E O sur le break de la batterie, reprennent en jungle, se mêlent et se répondent en ping pong, entre vocalises et syllabes.
Soudain « Ready For The Dance-Floor ? », et basse et synthé prennent un tempo plus vif et la batterie se fait plus obstinée, suivis du public qui tape dans ses mains comme dans un village d'Afrique. Green part en Afro scat Soul sur le synthé. « This Is Hip Hop », celui des pygmées des villes. Les syllabes sont passées sans qu'on s'en rende compte à I E I O. Le rythme revient « This Is Hip Hop », s'arrête, mais Green continue a capella sur les cris du public sans perdre la ligne, puis s'éloigne comme un chant d'Afrique à la nuit tombée quand les chants se taisent. Après d'enthousiastes applaudissements, Ty enchaîne sur « What U Want », enregistré avec Taylor MC Ferrin pour l'album Closer. Ty preache, prêche son flot au public, tandis que les soul Sisters assurent les Ta ta ta qui font le rythme, remplaçant les cuivres Blaxploitation de l'original. Ty descend dans la foule, la fait chanter, tandis qu'elles assurent les fonds vocaux.
Leurs vocaux soul donnent par leur décalage un côté Dancefloor, Dub sur la basse disco. Toutes les musiques noires de l'Afrique à L'Amérique se retrouvent dans la musique de Ty, des vocaux tribaux polyphoniques de l'Afrique noire à la techno qui vient aussi du ghetto noir de Detroit, puis les choristes amènent la Soul sur les mains du public, puis à nouveau le synthé part en Dancefloor Electro sur les ras de la batterie. Bref des origines des musiques noires à leur actualité dansante de l'ère électronique, de la Jungle à la Science-Fiction. Ty qui a invité Rhum One sur scène pour faire la Beat Box, qui commence en didgeridoo et continue le Dancefloor dans sa bouche, sur lequel Ty improvise. La grande fraternité mondiale du Hip Hop dépasse les frontières.
Suit un morceau speed, un autre cool « to end the show », dans le style mystique et cool d'Arrested Development dans « Everyday People », dont Speech a collaboré à "This Here Music" sur Closer, Les vocaux et les synthés gluants annoncent le rythme des deux Soul Sisters, puis le synthé brode des étoiles pendant leurs vocalises.
Suit « Oh You Want More ? » le morceau d'Upwards où Ty en Monsieur Loyal semble nous guider dans une fête foraine ou un cirque du ghetto et de sa « street culture », avec les Soul Sisters aux vocaux à l'arrière. Plus puissant en Live sans les orgues de barbarie désuets et les éléphants, avec moins de zoo et de cirque, le thème se fait plus Dancefloor ou Broken Hip Hop. Le set se termine par un solo vocal de Ty.
Le DJ allemand de Munich Florian Keller termine la soirée avec une sélection de disques Funk, passant également par les rythmes de l'Afro-Beat, Cubains ou hystériquement Brazil, puis partant en Dancefloor, se calmant en Disco, passant par la rue du Hip hop et la Drum'n'Bass, fondu enchaîné sur « Sure Shot » des Beastie Boys au ralenti, mais puisant aussi ensuite aux sources des musiques noires pour les moderniser par un remix Broken d'un vieil instru des Mar-Keys et même une version Broken Hip Hop féminine d' « In Walked Bud » de Monk pour Bud et une réplique Soul féminine du « Soul Man » de Sam & Dave sur Stax.