L’Espace Beaujon proposait, en janvier, une soirée consacrée à la poésie des pays du Moyen-Orient. Il faudrait écrire aux poésies puisque nous avons eu un aperçu de la diversité des écritures avec, notamment, un récital à trois voix concocté par Saadi Younès Bahri, et se terminant par des extraits de Gilgamesh, la première épopée écrite du monde, au pays des deux fleuves, la Mésopotamie.
La projection d’un documentaire a suivi, La poétesse aux pieds nus, présentant Maram al Masri, et réalisé par Bernard Louargant. Le film a été réalisé sur plusieurs années et nous donne à voir comment Maram al Masri assume l’écriture et l’action. Elle le dit devant une classe : elle vit en poésie, elle ne pourrait s’en passer, c’est sa vie. Ecrire est pour elle un geste libérateur, mais aussi un geste d’engagement. Et le film le montre : on la voit, notamment, rencontrant longuement des femmes victimes de violences. Une écoute réciproque forte se manifeste lors de ces rencontres, qui donnera naissance à un livre publié en 2009, Les âmes aux pieds nus. Le film s’achève avant que se déclenche la guerre civile en Syrie. Les images qu’on y voit de Lattaquié (où est née Maram) ne montrent pas l’état de la ville aujourd’hui.
Après le film, Maram al Masri nous a présenté une des femmes du groupe que nous avions vu à l’écran, venue ici avec sa fille, et un Syrien, plusieurs mois emprisonné par le régime de Bachar al Assad et qui a appris la mort de son fils en sortant de prison. Ainsi, avec l’émotion qui nous était transmise, nous avons pu approcher de plus près l’engagement de la poétesse dans le monde, qui est aussi le nôtre.