"H.J. Lim" (Hieon Jeong Lim) naît à Anyang, près de Séoul, en Corée du Sud, le 26 octobre 1986. Un taemong - " rêve prémonitoire de naissance" - révèle à sa mère que le destin de sa cadette se fera hors de Corée. Dès lors cette maman aimante mettra tout en oeuvre - et en confiance- pour que s'exprime en sa fille le langage de la musique qui la saisit dès la prime enfance.
" J'ai dans mon coeur la clarté indigo du courage"
Débarquée à Compiègne à l'âge de douze ans, seule et sans bagage linguistique - elle ne parle pas un mot de français- l'enfant se heurte d'emblée à l'hostilité jalouse d'une "tante", mère d'accueil bien mal nommée. Sa passion pour la musique, son don inné, rapidement remarqué et des rencontres bienveillantes la mènent bientôt à Rouen, Paris, Waterloo- en la prestigieuse chapelle musicale Reine Elisabeth - et Neuchâtel, en Suisse, où elle réside désormais, au coeur de l'Europe mélomane.
Une rencontre fortuite, dans le métro bruxellois, avec le compositeur, interprète russe, Alexandre Rabinovitch-Barakovsky, le "Maestro Céleste" va se révéler fondamentale, orienter drastiquement sa pratique pianistique, l'allégeant de l'insidieux embourgeoisement dans lequel s'enfoncent ses vingt ans pour une quête toujours en cours de - lumineuse - liberté intérieure.
La "radicalité" de son rapport à la musique et son indissociable spiritualité nous évoque à plus d'un point celle d'Hélène Grimaud. Il serait intéressant de comparer les parcours, soif d'absolu des deux prodiges, cette "communication d'âme à âme" que représente un art, porté par toutes deux au nirvana de l'interprétation.
Un témoignage merveilleux - une lecture que je vous conseille vivement, assortie de l'écoute de l'intégrale des Sonates pour piano de Beethoven, interprétées par l'artiste... (EMI, 2012)
Le son du silence, Hieon Jeong Lim, témoignage rédigé avec la collaboration de Laurence Nobécourt, Ed. Albin Michel, février 2016, 186 pp