Magazine Culture

Carnet de voyage ii

Par Apolline Mariotte @ApollineAM

AU PAYS DES KHMERS

II

Angkor

Au Bayon, le soleil levant éclaire l’un après l’autre les deux cent seize visages de Jayavarman VII sculptés dans la pierre. Nous crapahutons pour arriver au troisième étage. L’on se sent des miniatures. Où que l’on se place, le souverain nous couve de son regard bienveillant comme il veille sur ses sujets.

À quatre kilomètres de là, sur le grès d’Angkor Wat, prélevé sur la montagne sacrée de Phnom Kulen par six mille éléphants, dans les galeries finement sculptées, les asuras et les devas, démons et dieux, coiffés de cimiers, fouettent la mer de lait afin d’en extraire l’élixir d’immortalité. Nous sommes à la création de l’univers.

À huit kilomètres, à Ta Prohm, le spectacle qui se déroule devant nos yeux n’a pas dû changer depuis les premiers explorateurs. La jungle a envahi le temple. Les racines tentaculaires des fromagers se sont immiscées entre les pierres, les enserrant dans une étreinte harmonieuse mais mortelle. Les lichens marbrent les apsaras des bas-reliefs. Par endroits, des rais de lumière percent à travers les frondaisons des arbres plusieurs fois centenaires. Au-dessus de nos têtes, des oiseaux, qu’on ne voit pas, poussent leurs cris stridents. C’est comme si les bandar-logs de Rudyard Kipling nous observaient du haut des tours ou cachés dans les couloirs étroits.

À suivre.


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