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Jericho (2016): la fausse histoire du vrai viaduc

Publié le 01 février 2016 par Jfcd @enseriestv

Jericho est une nouvelle série de huit épisodes diffusée depuis le début janvier sur les ondes d’ITV en Angleterre. L’action se déroule en 1870 alors qu’Annie Quaintain (Jessica Raine) est forcée de quitter sa maison en raison des nombreuses dettes accumulées par son mari qui vient tout juste de mourir. Accompagnée de ses enfants Martha (Amy James-Kelly) et George (Samuel Bottomley), elle se rend jusqu’à la ville de Jericho où l’on est en train de construire un viaduc dans le but de prolonger la ligne ferroviaire. Assez rapidement, elle se remet sur ses pieds et y ouvre une maison de pension. Cependant, il ne lui faut pas beaucoup de temps pour découvrir que la plupart des habitants apportent avec eux des secrets susceptibles d’ébranler leurs vies communes. Probablement le seul western anglais jamais créé pour la télévision, le pilote de Jericho dans un premier temps nous séduit tant pour la beauté de ses paysages que pour ses personnages. Cependant, au fil des semaines, les épisodes prennent une teinte un peu trop doucereuse et on en vient à regretter que la production n’ait pas davantage privilégié l’histoire au lieu du quotidien de ces pionniers.

Jericho (2016): la fausse histoire du vrai viaduc

Coups de poing et réconciliations

En train en direction de Jericho, Annie fait la rencontre de Johnny Jackson (Hans Matheson), un vagabond qui après quelques années passées en Afrique revient s’installer à Jericho, sa terre natale. Il deviendra d’ailleurs son premier chambreur. Sur le chantier, il a tôt fait de se trouver un rival ; un terrassier alcoolique qui perd son emploi peu de temps après. Ce dernier est plus tard surpris par George en train de voler des barils de poudre. Obéissant aux ordres de quelqu’un d’autre, il fait sauter une partie du chantier, tuant sur le coup deux travailleurs. Plus tard, il essaie de neutraliser George, mais c’est ce dernier qui a le dernier mot et le tue. Par peur de représailles, Johnny convainc Annie d’enterrer le corps en cachette et ni vu ni connu, la vie poursuit son cours. Parmi les autres personnages principaux, mentionnons Ralph Coates (Clarke Peters) le nouveau contremaître venu des États-Unis qui emploie des méthodes plus que louches pour arriver à ses fins ainsi que Charles Blackwood (Daniel Rigby), le propriétaire du chemin de fer qui peine à trouver des investisseurs. Pour lui venir en aide, son ancienne flamme, Isabella Lambton (Jeany Spark) accepte de l’épouser, elle qui héritera d’une grosse somme seulement lorsqu’on lui aura mis l’anneau au doigt.

Pour un premier épisode, force est d’admettre que Jericho a utilisé le bon appât. L’arrivée d’Annie dans cette communauté nous donne un bon prétexte pour connaître les autres personnages et le scénario n’est pas à court de carburant pour nous garder en haleine : trois morts, dont un meurtre, une enquête policière, un complot contre le projet de voie ferrée, des alliances, etc. Cependant, les premières failles surviennent au cours des semaines suivantes alors que le ton s’assagit peut-être un peu trop. À la fin de la deuxième diffusion, on a déjà bouclé l’enquête (pour ne pas dire tourné les coins ronds) et les récents morts sont d’ores et déjà oubliés. La plupart des moments d’action par la suite se limitent à des batailles au poing (impliquant toujours Johnny), mais l’absence de sang et le fait que les belligérants se remettent sur leurs pieds en moins de deux n’apportent pas l’intensité désirée.

Jericho (2016): la fausse histoire du vrai viaduc

Sinon, on met de plus en plus l’accent sur les sentiments et la bonne volonté des personnages, qu’il s’agisse du partenariat entre Charles et Isabella, de la relation naissante entre Johnny et Annie ou encore de l’entraide entre villageois. Même Lace (Lorraine Ashbourne), littéralement la maquerelle du village s’intègre bien à la communauté et nous est sympathique! Quelques querelles viennent mettre un peu de piment (doux) dans les épisodes, notamment entre Martha qui travaille désormais dans un saloon et Alma (Nathalie Capstick), la fille des propriétaires, mais leurs différends demeurent très superficiels. Et justement, la fille d’Annie tombe gravement malade lors de l’épisode #3, mais vu le ton de la série, on sait très bien qu’elle en ressortira vivante, ce qui effectivement se produit. En fin de compte, Jericho s’avère être dans la même lignée que Road to Avonlea (années 90, CBC) ou plus récemment Homes Fires (ITV), ce qui n’est pas mal en soi, mais qui ne plaira assurément pas à tous les publics.

Et la voie ferrée dans tout ça?

Comme c’est le cas dans presque toutes les séries anglaises à saveur historique, la direction photo de Jericho est superbe et on adhère complètement à ce voyage de plus d’un siècle en arrière, mais à quoi réfère-t-il? En effet, il est aussi incongru de baser un western en Angleterre que de faire une série sur le moyen-âge que l’on s’imagine en Amérique du Nord, à moins qu’il y ait un véritable fondement historique, ce qui est le cas avec la nouveauté d’ITV. En effet, un viaduc que l’on baptisera Ribblehead a été construit de 1870 à 1874 dans la ville du même nom dans le Yorkshire Nord. La série fait évidemment référence à cette construction et se situe elle aussi dans le Yorkshire, mais pour des raisons que l’on ignore, les protagonistes s’installent dans une ville fictive et ils y construisent le viaduc Culverdale. Pourquoi avoir choisi le même endroit géographique et la même année de construction pour finalement inventer une location?

Jericho (2016): la fausse histoire du vrai viaduc

C’est justement ce qui cloche avec Jericho qui au final voulait par-dessus tout tourner un western, empruntant de ce fait les mêmes références que si ça se déroulait au Midwest américain, incluant même la trame sonore avec son banjo et son harmonica. L’intérêt pour la série aurait été bien plus grand si on s’était inspiré de Klondike (Discovery Channel) par exemple dans laquelle l’accent est surtout mis sur la difficile vie de mineur et non sur les guéguerres entre voisins.

Jericho a suscité un intérêt modéré, et ce, dès le premier épisode : 3,77 millions de téléspectateurs en direct et au 17e rang des émissions les plus populaires de la semaine. La série a rapidement trouvé ses fidèles puisqu’une semaine plus tard, ils étaient toujours 3,41 devant leur écran (17e rang). Avec de tels chiffres, difficile de se prononcer quant à l’éventualité d’une seconde saison.


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