Mistress America // De Noah Baumbach. Avec Greta Gerwig, Lola Kirke et Matthew Shea.
Greta Gerwig fait partie de mes actrices préférées. Depuis Frances Ha, elle m’a bluffé. Je suis fasciné par sa façon d’être mais aussi d’incarner ce New York que j’adore. 4 ans après le brillant Frances Ha, elle retrouve Noah Baumbach avec ce tout nouveau film qu’elle a co-écrit avec lui. Ce duo de choc garde la même énergie. On retrouve d’ailleurs énormément du précédent film dans Mistress America mais c’est pour ça qu’on aime ce duo et ce qu’il produit. Greta Gerwig est quant à elle beaucoup plus drôle ici dans le rôle de cette new-yorkaise qui ne cherche pas à se prendre la tête et qui entre dans le mur dès qu’il faut afin de ne pas se faire bouffer par la vie. Puis c’est là qu’elle croise le chemin de Lola Kirke que j’ai récemment vu dans Mozart in the Jungle. J’aime beaucoup cette jeune actrice, parfaite elle aussi pour incarner le New York que j’ai toujours apprécié chez Woody Allen mais également dans Frances Ha et bien d’autres films indépendants qui montrent la Grosse Pomme sous un angle un peu différent. Dans le monde de la comédie actuelle, je crois bien que Baumbach et Gerwig font partie des plus belles révélations. Leur plume est aiguisée comme il se doit, délivrant ici un film créatif et fort.
Étudiante en première année dans une université de New York, Tracy se sent bien seule : elle ne fait ni les rencontres exaltantes auxquelles elle s'attendait, ni ne mène la vie urbaine trépidante à laquelle elle aspirait. Jusqu'au jour où elle est accueillie par sa future demi-soeur Brooke, New-Yorkaise pure et dure habitant à Times Square. Séduite par les extravagances de Brooke, Tracy découvre enfin le Manhattan dont elle rêvait…
Parfois, il n’en faut pas beaucoup pour faire un bon film mais Mistress America tombe aussi pile poil dans ce que j’aime. Il y a bien évidemment derrière ce film comme pour Frances Ha il y a quatre ans un côté Woody Allen qui se ressent du début à la fin, tant dans la façon d’utiliser New York que dans la façon de faire briller certains éléments narratifs chez des personnages extrêmement bavards. Mais justement, nos deux héroïnes ne sont jamais bavardes dans le mauvais sens du terme. Je dirais même que c’est tout le contraire. On voit dans ce film un équilibre constant entre la comédie et les éléments les plus dramatiques. C’est un film qui est pourtant très court, peut-être un peu trop car l’on aimerait profiter un peu plus de Tracy et Brooke mais justement, je me demande si ce n’est pas ce court temps qui fait la force de ce film. La mise en scène est ici en couleur (contrairement à Frances Ha qui était en noir et blanc), ce qui permet de donner une ampleur différente aux décors alors que le noir et blanc permettait de se concentrer sur certains détails narratifs mais aussi sur les personnages. Là c’est New York qui devient un peu plus l’héroïne de l’histoire sans pour autant empiéter sur les personnages non plus.
Je pense que l’on peut aisément dire de Noah Baumbach qu’il est le nouveau Woody Allen qui confirme ici après Frances Ha qu’il est plus que capable de créer des personnages irrésistibles, des dialogues savoureux et de rassemble des personnalités qui vont clairement bien ensemble. Cela se voit avec la présence de Greta Gerwig, parfaite du début à la fin, mais pas seulement. Le reste du casting est lui aussi très réussi. Il y avait quelque chose de complexe tout de même avec Mistress America, c’était de transformer le personnage de Brooke est quelqu’un d’attachant alors qu’elle a tout de la peste que l’on a envie de baffer. J’ai adoré le moment où cette femme tombe sur elle et lui raconte se souvenir d’elle à l’époque du lycée où elle était la fille populaire et celle qui faisait régner la terreur. Bien évidemment, Brooke va nier en bloc mais le moment est tragi-comique à souhait dans le bon sens du terme. Mistress America est donc un récit qui sait être plusieurs choses à la fois, comme une satire ou même un peu plus. Car ce n’est pas vraiment une réflexion que propose ce film mais uniquement un joli moment entre les personnages. Et je pense que c’est ce qu’il faut retenir avant tout, une chronique de vie brillamment fichue.
Note : 10/10. En bref, l’une des bonnes surprises de ce début d’année.
Date de sortie : 6 janvier 2016