Un courtier en banque accusé de proxénétisme

Publié le 12 juin 2008 par Chictype

Pour avoir aidé, à Angers, trois prostituées brésiliennes à placer leur argent, la justice le considère comme un proxénète. Il plaide sa bonne foi.

L’affaire a démarré dans le quartier de la gare, à Angers, avec l’interpellation de trois prostituées brésiliennes

Hier, la chambre de l’instruction de la cour d’appel d’Angers a levé sa mise sous bracelet électronique. « Il reste quand même assigné en France, mais il va pouvoir vaquer plus librement. » Me Alain Fouquet, avocat pénaliste, est soulagé. « Cet homme, courtier d’une banque suisse, est accusé de proxénétisme, alors qu’il n’a fait que son travail. » En sortant de l’audience, l’avocat angevin n’hésite pas à se livrer. Il ne comprend pas l’acharnement judiciaire contre son client.

Tout démarre fin août 2007, dans le quartier de la gare d’Angers. Les policiers arrêtent trois prostituées brésiliennes qui officiaient, depuis quelques mois, sur le trottoir : Lélia, Sonia et Marizeth.

« En fouillant dans leurs affaires, raconte l’avocat, ils constatent qu’elles sont en relation avec un certain Hermann K., un Germano-Brésilien, résidant en Suisse, mais possédant aussi un pied à terre à Annemasse, en Haute-Savoie. »

Alors que les trois jeunes femmes sont renvoyées dans leur pays, les enquêteurs interpellent Hermann K. le 4 septembre. « Il avoue qu’il travaille pour une banque suisse et qu’il est chargé d’une clientèle d’affaire brésilienne, résidant en Europe. Rien n’y fait, il est incarcéré à la maison d’arrêt d’Angers. »

En fait, les policiers et le juge d’instruction angevin appliquent la loi. En France, aujourd’hui, toute personne tirant profit du revenu de la prostitution est considérée comme un proxénète. « Les filles ont toujours soutenu que c’était seulement leur conseiller, leur intermédiaire financier, et que jamais il ne les avait obligées à se prostituer. »

Pour tenter de dénouer l’affaire, la justice française demande alors à la justice suisse d’enquêter auprès de son employeur. « La réponse a été immédiate, indique Me Alain Fouquet. Les Suisses ont répondu qu’ils n’allaient pas ouvrir une information pour une personne qui prélevait des commissions sur des transactions financières, alors que c’était un des métiers les plus répandus dans leur pays. »

Incarcéré durant sept mois à Angers, Hermann K. est autorisé à quitter la prison d’Angers en mars dernier. Mais il est mis sous surveillance électronique et s’installe dans le chalet familial, à Annemasse. « Cette levée du bracelet devrait surtout lui permettre de renouer avec son travail », assure l’avocat.

Pour autant, Me Alain Fouquet n’en démord pas : « Mon client est complètement innocent. Les prostituées brésiliennes, travaillant pour leur compte, l’avaient choisi parce que sa banque était la moins chère en commissions. » Il ajoute, avec une pointe de dérision : « Depuis, les filles sont revenues en France. Elles travaillent dans une autre ville et certainement avec un autre courtier ! »

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