Action contre la faim demande aux 70 gouvernements qui se sont rendus à la conférence coprésidée par le Royaume Uni, l’Allemagne, le Koweït, la Norvège et les Nations Unies, de combler le fossé entre les besoins et les fonds investis dans les plans d’aide à la Syrie et sa région, le Syrian Humanitarian Response Plan (HRP) et le Regional Resilience Response Plan (3RP). L'association demande également d’accorder d’urgence la priorité aux besoins de base en matière d’eau, d’alimentation et de refuge pour les personnes les plus vulnérables.
« Il est important que, tandis que les puissances impliquées négocient une issue au conflit, les leaders mondiaux se réunissent pour répondre aux besoins de base en Syrie et dans la région. Il est également important que, lors de cette conférence, l’accent soit mis sur les besoins à moyen et long termes étant donné que 13,5 millions de personnes ne peuvent pas répondre à leurs besoins immédiats en eau potable, alimentation, hygiène de base et refuge pour les enfants, les femmes et les hommes », explique Manuel Sánchez Montero, Directeur du plaidoyer et des relations institutionnelles d'ACF Espagne.
« Il est urgent de répondre à ces besoins, constatés par les organisations qui travaillent sur le terrain. Il est également primordial que les engagements pris par les décideurs à Londres deviennent effectifs au travers d’interventions humanitaires professionnelles et basées strictement sur les besoins et les principes d’humanité, de neutralité et d’indépendance », rajoute Manuel Sánchez Montero.
Les réfugiés : la partie visible de l’iceberg
L’arrivée de syriens en Europe par la Mer Egée n’est que la partie visible de l’iceberg : après presque 5 ans de guerre, il y a plus de 6,5 millions de déplacés internes en Syrie et presque 5 millions de réfugiés (95% d’entre eux dans les pays voisins). Pendant que les pays européens débattent sur les conditions de l’intégration des quelques centaines de réfugiés qui ont obtenu l’asile, les besoins dans la région se sont multipliés. « Au Liban, nos équipes sur le terrain témoignent de l’affaiblissement des réfugiés après 5 ans passés loin de chez eux. Leurs possibilités d’emprunts se sont épuisées et il est de plus en plus difficile d’obtenir un permis de résidence et d’accéder aux opportunités de travail, ce qui aboutit à l’apparition de mécanismes extrêmes de survie comme le travail infantile. Les réfugiés sont tellement épuisés et désespérés que nombre d’entre eux vont même jusqu’à repartir en Syrie, risquant leur vie au cœur du conflit », explique Jean-Raphaël Poitou, Directeur régional pour le Proche-Orient.
« Au-delà de l’aspect belliqueux, des pertes de vies humaines et des dommages matériels, cinq ans de guerre se sont répandus sur la région comme une tâche d’huile qui affecte déjà toute la population, avec une pression croissante sur les moyens de subsistance et les ressources naturelles des pays d’accueil. Cela fait déjà plusieurs mois que nous savons que le critère de vulnérabilité ne peut pas être la seule condition pour être réfugié, et qu’il existe également des populations d’accueil, spécialement dans les pays comme le Liban, qui ont besoin d’aide », précise Sánchez-Montero. À l’heure actuelle, un habitant sur trois au Liban est un réfugié.
La faim en temps de guerre
En Syrie, nous estimons que plus de 3 millions de personnes, particulièrement les enfants, ne parviennent pas à couvrir leurs besoins nutritionnels, et que 8,7 millions vivent en situation d’insécurité alimentaire. « Il y a encore peu d’information disponible dans de nombreuses zones inaccessibles et nous craignons de rencontrer des scenarios encore pire », explique Jean-Raphaël Poitou.
Action contre la Faim fait partie des rares organisations internationales qui travaillent en Syrie. Elle y fournit de la nourriture, de l’eau potable, des produits d’hygiène et un soutien psychologique à plus de 3,5 millions de personnes dans la région.
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