Être fermier, c'est quoi ?

Publié le 07 septembre 2015 par Beautethique
En cette période de conflits et de troubles, la question est, je pense, légitime.

Dites bonjour à Madame !


Être fermier, c'est quoi ?
Souffrant de son image de rustre, d'homme bourru aux traits burinés par le vent et le soleil, le fermier est entouré d'un certain folklore et de beaucoup de clichés.
Représentation d'une France ancienne, victime de l'exode urbain et des supermarchés, le fermier serait une espèce en voie de disparition.

Un bon fermier, sans aucun doute.


Ah oui, vraiment ?
Pourtant, partout en France, s'ouvrent de nouvelles fermes, et plus essentiellement, se développent de nouveaux modèles agricoles. Une nouvelle génération, plus sensible aux soucis environnementaux et à l'impact à long terme du modèle productif choisi.
De nombreux sobriquets peuvent agrémenter ce métier : fermier, paysan, agriculteur, exploitant, producteur... Derrière ces ornements de façades se cache une réalité assez triste et peu réjouissante : le mépris pour ces hommes (et femmes) "de la terre". Je dois avouer que cela m'énerve assez.
Moins de 5% de la population française a choisi une des voies les plus difficiles et les plus nobles qu'il ait été donné de choisir : nourrir son prochain. Il faut du courage pour choisir cette vie, et surtout le courage d’être libre.

Il est aisé de se lever le matin, de prendre un café puis de filer dans un bureau avec des gens qu'on n'apprécie guère, se planquer derrière son écran d'ordinateur tout en maudissant son patron pour tous les maux de notre existence. Nous avons un bouc-émissaire lorsque les choses ne vont pas comme prévu : le supérieur, le patron, la conjoncture... Lorsque l'on décide de cultiver, on perd le contrôle et le droit du bouc-émissaire. Qui peut blâmer la pluie, le vent, le soleil, les insectes ? Ces données sont incontrôlables et imposent un tout autre rythme que la vie urbaine.
Alors, attention... Loin de moi l'idée de stigmatiser les employés de bureau, aujourd'hui plus qu'hier, il est difficile de vivre décemment et la morosité urbaine pèse sur les consciences martelées d'images sordides et difficilement soutenables d'un monde en déliquescence.
Mais il est essentiel que vous, moi, nous... repensions nos à-priori et préconceptions sur le secteur primaire, maintenant que le tertiaire est la norme.

Choisir la vie de paysan implique de nombreux sacrifices. Des heures interminables, un rendement aléatoire, et des aléas totalement incontrôlables, comme la météo. C'est aussi souvent une voie assez solitaire, car pris par le temps il est difficile de se consacrer à l'autre (ou de le rencontrer), et encore plus difficile de trouver la personne qui accepte de subir cela à vos côtés.
Mais ça, vous le savez déjà. (Bah oui, y'a L'Amour est dans le Pré, non ?)
Mais j'aimerais me concentrer sur le positif. 

Qu'est-ce qui rend ce métier noble et beau ?


Tout d'abord, la liberté qu'il procure (oui oui, je me répète). Se lever chaque jour pour admirer la nature et son travail, faire des pauses quand on le désire (bon, parfois quand on peut) sans avoir de comptes à rendre. Ne dépendre que de soi pour la tâche accomplie, et savoir qu'on a contribué à la croissance d'une graine.
Puis, il y a l'apprentissage de l'humilité. L'homme n'est qu'un rouage du monde et de cette grande machine qu'est le cycle de la vie. Il faut savoir mettre son orgueil de côté en cas d'échec, et être patient car nous ne pouvons tout contrôler. L'Homme de la terre apprend à vivre avec les saisons, le soleil et même la lune.

Mais c'est aussi un chemin de connaissance. Il faut chaque jour apprendre de nouvelles choses, connaître cet insecte qui est ravageur, cet autre pollinisateur, apprendre le nom de cette variété, ses spécificités...C'est une voie où l'on ne cesse jamais d'apprendre. La curiosité amène à développer l'agriculture de demain, des modèles durables et bénéfiques pour tous.
Parmi ces modèles, le maraîchage biologique en permaculture me tient particulièrement à cœur.
" Créée dans les années soixante-dix en Australie par Bill Molisson et David Holmgren, la permaculture est un système conceptuel inspiré du fonctionnement de la nature.

La permaculture cherche à concevoir des installations humaines harmonieuses, durables, résilientes, économes en travail comme en énergie, à l’instar des écosystèmes naturels. Ses concepts de design reposent sur un principe essentiel : positionner au mieux chaque élément de manière à ce qu’il puisse interagir positivement avec les autres. "

 En France, vous avez l'exemple de la Ferme du Bec Hellouin.


Chez nos confrères québécois, celui des Fermes Miracles.


Pour en apprendre plus sur ce modèle, bien des livres existent, mais je vous conseille : La permaculture dans un petit jardin : Créer un jardin auto-suffisant
Ça fait rêver, non ?
Pour clôturer cet article, je me permets de partager cet article de Rue 89 qui résume assez bien ma pensée sur les manifestations d'éleveurs de ces derniers temps. Cliquez ici pour le lire.
J'attends vos réactions/commentaires/manifestations de haine. :)