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Course hivernale atelier bric à book numéro 12

Par Eirenamg

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© Julien Ribot

Je n’arrive pas à comprendre les gens qui aiment cette saison d’hiver, il fait gris, froid, on se gèle. Tu parles que ça rapproche les gens au coin du feu ou autour d’un café. Ca c’est bon quand tu as une famille ou une vie sociale agréable. Quand tu es tout seul comme un imbécile ce n’est pas la meilleure période.

Tu bosses, tu pars il fait nuit, tu reviens il fait nuit, les gens sont malades donc tes potes ne sont pas dispo pour venir à la maison. Et du coup le reflet derrière la fenêtre est le reflet de ta vie morne et triste.

Et quand tu habites dans un trou paumé à la campagne comme ici c’est encore pire, passé 21h plus personne, les gens sont chez eux pépère et tu traines comme un con ta solitude.

Je hais cette période, je n’aime pas le froid, la bruine, le vent, ça pousse à rester chez soi et à hiberner sauf qu’on ne peut pas. Chaque levé le matin demande un effort surhumain dès que tu ouvres les volets. Il faut s’emmitoufler sous des tonnes de vêtements, anorak, bonnet, écharpe. Etre engoncé dans ses pulls et ses chaussures fourrés, on dirait un bibendum à chaque fois que je me regarde dans le miroir. Il faut s’obliger à faire du sport et courir par ce temps quelle horreur, en plus on ne peut même pas laisser vagabonder son esprit car à chaque foulée, le monde autour nous rappelle à l’ordre.Et j’ai l’impression qu’il me crie non ce n’est pas le moment reviens plus tard :on met sur pause. 

Ça fait déjà 10 minutes que j’essaye de me vider l’esprit mais rien à faire, aujourd’hui les idées noires ont décidé de ne pas me lâcher, et j’ai beau allonger mes foulées, elles me collent toujours aux basques. Pourquoi le boss m’a convoqué demain ? Pour m’annoncer une mauvaise nouvelle ? Cette promo j’y pense depuis des mois. Mais ce qui m’apparaissait comme une évidence il y a 1 ans avec le départ programmé de Manue à la retraite, ne l’ait plus du tout maintenant. Peut être veut il mettre du sang neuf, et là c’est mort pour moi. J’en ai marre tous les ans, à l’évaluation annuelle c’est la même chanson. J’espère un changement de poste qui n’arrive pas. Le boss me félicite, loue mes initiatives et mes projets mais il y a toujours un mais, trop jeune, les autres ont plus d’expérience, la prochaine fois, ne vous découragez pas et je ressors déçu comme un gosse qui s’est fait gronder dans le bureau du proviseur. Et merde j’avais dit qu’aujourd’hui j’essayais de me détendre.

J’essaye de me concentrer sur la musique dans mon casque mais dès que je pose le regard sur l’arbre au bout du champ famélique c’est reparti. Qu’est ce que je fais si c’est à nouveau non ? Comment mettre en avant ma candidature à ce nouveau poste ? Qu’est ce que je pourrais dire ou faire pour montrer que j’ai la carrure. Parce qu’il doit bien y avoir quelque chose qui cloche pour que je sois incapable à chaque fois d’ouvrir la bouche devant mon boss. Il faut vraiment que je travaille mon mental, la confiance, c’est pour ça que je me suis mis à la course il y a un an, pour tenir la distance, ne pas me démotiver et me donner du courage.

Là pour l’instant c’est rater, j’aperçois la route au loin si je prends à gauche dans 20 min je suis revenu à la case départ à la maison et je ne prends pas de risques lundi.

Peut être que pour une fois dans l’entretien, je pourrais lui présenter le projet dans mes objectifs de l’année ?

j’accélère un peu pour me rapprocher de l’embranchement. Si je prends à droite  je suis parti pour 1h de parcours, mais je ne sais pas si aujourd’hui je tiendrais la distance. Je vire à droite en montant le son de ma musique allez c’est décidé lundi, je parle à mon boss et on verra bien.


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