Une phrase à dire et se redire; "tu es importante toi aussi!" - crédit photo Julie Philippon
Je ne suis pas allée assez loin
Tu sais, depuis quelques années, je m’implique bénévolement pour la prévention du suicide. Ça a débuté avec une vidéo réalisée pour l’AQPS où j’ai partagé mon histoire, les yeux pleins d’eau, devant la caméra.
Bon matin! Fait frette, pis c'est pas mal beau! Avec mon gloss @lisewatier Haute couleur, Royal Couture #39066, comme seule parure et mon gros gros manteau long et chaud @columbia1938, je suis prête! #columbia #hiver #froid #neige #glossUne photo publiée par Julie Philippon (@mamanbooh) le 19 Janv. 2016 à 6h44 PST
Script.</h1></divDepuis, j’ai été approchée quelques fois pour témoigner à nouveau. Une fois, j’ai accepté d’échanger avec une recherchiste qui travaillait à un futur documentaire sur le sujet.
Tu peux voir mon entrevue au téléjournal de TVA par ici.Après quelques questions, j’ai compris que mon histoire ne serait pas retenue, elle n’était pas assez spectaculaire, je n’avais pas le visage défiguré, de séquelles permanentes ou d’anecdote bien sanglante.
Le suicide en héritage
Il y a quelques années, après plusieurs mois d’urgence, de mauvaises nouvelles, de désespoir et de fatigue, j’ai commencé à rêver en douce d’un « trou noir pour moi toute seule » pour m’y rouler en boule et mettre la « switch à off ». Tu comprends?
Un jour, j’ai réalisé que ce désir d’arrêter de souffrir que ce « rien »signifiait peut-être partir, comme dans mourir. Le garage de mon père. Les viaducs en béton de l’autoroute. Le contenu de ma pharmacie.
Un matin, je suis sortie du brouillard alors qu’à la télé, un porte-parole parlait de la douleur de ceux qui restent, qui souffrent, qui ne comprennent pas, qui ont honte et qui doivent vivre avec cet héritage toxique.
J’ai eu peur
J’ai eu peur. Peur de moi. Peur de ma détresse. Peur de blesser mes proches, ceux qui m’aimaient et m’entouraient. Que j’aimais aussi! Ô comme je les aimais, si tu savais! Et encore une fois, j’ai senti la peur. Pas juste le rien et le noir pis ma douleur, mais aussi celle des autres.
À ce moment, j’ai su que cette solution permanente, violente et définitive était une réponse à une situation qui elle, ne l’était pas. Et je suis allée chercher de l’aide. Je ne suis pas meilleure que les autres, que ceux qui sont partis. Je me sens mal pour eux quand leurs proches me reprochent ma présence alors qu’eux souffrent, endeuillés.
Tu peux voir mon témoignage pour l'AQPS sur YouTube par iciJe ne suis pas plus courageuse. Je le sais. J’ai juste raté mon suicide. Je n’ai pas fermé la porte du garage. Je n’ai pas foncé sur le mur de béton. Je n’ai pas vidé le contenu de la pharmacie. Je me suis simplement présentée à l’urgence et j’ai demandé de l’aide. Avant. Heureusement. C’est ce que je te souhaite. De la vie, à la tonne!
VA CHERCHER DE L’AIDE!
Même quand c’est difficile, même quand les deuils s’enchaînent, que malgré ta bonne volonté, ça ne va pas, que les soucis s’accumulent, que le boule d’angoisse t’étouffe, que tu ne vois pas le bout, STP, VA CHERCHEZ DE L’AIDE!
Ça va aller mieux demain ou peut-être la semaine prochaine, ça ne sera pas facile, mais ça vaut la peine de continuer, de te relever, d’essayer. Pis si ça ne va, que tu sens le vide sous tes pieds, que tu perds tes repères, appelle le 911 et hurle ton désespoir, c’est le moment de t’exprimer, de demander de l’aide parce que toi aussi, tu y as droit, que tu le mérites pis qu’on compte sur toi. Tu es important pour nous!
Pis si jamais on te dit que dans le fond, tu as raté ton suicide, que ta détresse n’était pas assez grande, que ton histoire n’est pas assez spectaculaire, envoie-les
Heureusement, tu es en vie pis je te love.Jx
* Je sais, d’habitude, je ne te parle pas au « je » pis au « tu », mais cette fois-ci, je trouvais que c’était trop intime comme sujet pour qu’on se vouvoie, j’espère que ça ne te froisse pas? Après tout, ça va faire deux ans dans quelques jours que je te jase par ici, trois fois par semaine, on commence à se connaître, non?
Note: une première version, différente, de ce texte a été publiée sur le défunt blogue Actualités de Sympatico.
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