[...] parce que tout peut être fait d'une bonne ou d'une mauvaise façon ; la bonne façon est de faire de notre mieux aux yeux de Dieu ; la mauvaise façon est d'agir en n'ayant à l'esprit que nous-même, ce qui nous amène soit à négliger notre tâche pour poursuivre quelque but personnel, soit à y accorder trop de temps et de réflexions avant et après l'avoir accomplie.
Orpheline, la jeune et naïve Ruth est placée dans l'atelier de couture de Mrs Mason. Lors d'un bal, elle rencontre Henry Bellingham, un fils de bonne famille, avec qui elle noue bientôt une belle amitié, se muant en passion amoureuse, à rebours des conventions sociales. Jugée " fille perdue ", Ruth est congédiée. Elle se réfugie au Pays de Galles avec Bellingham qui l'abandonne dès qu'il apprend qu'elle est enceinte.
Tentée de se suicider, elle est recueillie par le pasteur Benson et sa sœur Faith, qui l'aiment et la respectent. La faisant passer pour veuve afin de lui éviter la disgrâce, ainsi qu'à son futur enfant, ils parviennent à la faire entrer au service d'un homme d'affaires, Mr Bradshow. Mais le retour de Bellingham menace son secret... Lorsque Mr Bradshow l'apprend, il chasse sans ménagement l'infortunée. Devenue infirmière, Ruth se donnera corps et âme à son nouveau métier. Et la voici enfin aimée, sinon admirée de tous...
Avec Ruth, Elizabeth Gaskell trace le portrait émouvant d'une jeune victime de l'hypocrisie victorienne, toujours sûre de son bon droit et de ses préjugés.
Tout comme Anne Perry, Elizabeth Gaskell est un auteur dont j'ai entendu parler pour la première fois (seulement) sur la blogosphère. Il s'agit donc du premier roman que je lis d'Elizabeth Gaskell et ce ne fut pas vraiment une agréable découverte...
Malgré les commencements de chapitres très soignés et encourageants, malgré les quelques intrusions du narrateur (ou de la narratrice) dans le récit et des tournures de phrases adorables, je n'ai pas accrochée avec le style d'écriture de l'auteur. Je pense que je m'attendais à un style envoûtant étant donné les précédents anglais, telles Jane Austen ou Charlotte Brontë. Jai donc relevé des phrases étincelantes par-ci par-là mais pas tant que cela.
Pour ce qui est de l'histoire, je n'y ai pas vraiment vu d'originalité. Ruth Hilton est une jeune fille qui commet une faute (selon les moeurs de l'époque) et elle devra en payer le prix. Mais justement, on peut très aisément deviner ce qui lui arrivera. Un autre point important que je voudrais évoquer, c'est le fait que l'on condamne Ruth et seulement elle. Henry Belligham n'est pas considéré comme responsable parce qu'il fait partie d'une bonne famille et parce qu'il est un homme et que dans ce cas-là, seule la femme est à blâmer d'après les moeurs de l'époque. Comme le rappelle l'excellente préface de Catherine Rihoit, à l'époque, les femmes qui travaillaient étaient mal vues parce que c'était aux hommes de travailler et de nourrir leur foyer. Ce n'est donc pas seulement l'histoire en elle-même qui ne m'a pas enchantée, mais aussi la société qui s'y rapporte - les femmes et les domestiques ayant des droits extrêmement limités.
La faute, le pardon mais également la religion et l'éducation, sont autant de thèmes qui sont éparpillés dans ce livre. Cependant, si je n'ai pas accroché à l'écriture, je n'ai pas accroché à l'histoire non plus. Je n'ai ressenti aucun sentiment de sympathie ou autre envers Ruth - même lorsqu'elle coud une journée entière (je sais combien c'est une activité éprouvante, même lorsqu'il s'agit d'un simple loisir !). Rien n'est fait pour qu'on l'apprécie. On ne connaît ses origines qu'assez tard, ce qui n'aide pas. J'aurai pu tracer son destin avant de lire l'oeuvre. Le pire, pour moi, c'est que Bellingham ne paye pas !
Enfin, je trouve, et je sais que je ne suis pas la seule, que le résumé dévoile une bonne partie de l'histoire, ce qui est bien dommage.
=> Une histoire qui manque d'originalité et qui ne saurait convenir qu'aux amoureux de la langue anglaise.