Publication:
Plus de 3000 personnes étaient venues le 24 janvier au François, sur la côte Est de la Martinique, inaugurer les nouvelles salles d'exposition de la Fondation Clément. Installée sur le site historique de la rhumerie Clément, racheté en 1986 par Bernard Hayot, le site offre désormais une épure dédiée à l'art contemporain caribéen. Pour l'ouverture de ces nouveaux espaces, la rétrospective du peintre franco-haïtien Hervé Télémaque, en collaboration avec le Centre Pompidou. Jusqu'au 17 avril.
"J'ai pris en compte la valeur de charme de l'Habitation Clément", explique Bernard Reichen, l'architecte en charge de la rénovation du lieu qui fut sur trois générations l'une des rhumeries les plus réputées des Caraïbes. Connu pour ses reconversions de sites industriels, les filatures du Nord, puis la Grande Halle de La Villette, à Paris, ou encore la Halle Tony-Garnier, à Lyon... le cabinet Reichen & Robert signe ici une architecture qui ne s'impose pas. Un espace qui sert sans se faire voir.
Nef en acier inoxydable, murs en pierre de lave et moucharabiehs en béton de fibre... "Le fil conducteur, c'est la matérialité, souligne Bernard Reichen. A l'image des chais, cette richesse du contenant a comme première finalité de témoigner de la richesse du contenu." Dans cet écrin architectural, la peinture donne à voir, elle nourritla voracité de l'œil, c'est sa "valeur de charme" si chère à Jean Baudrillard.
"Je rêve d'une Martinique innovante, d'un tissu artistique lui permettant d'être acteur des grands événements dans le monde de l'art." Bernard Hayot a les yeux perçants et doux, emplis d'intelligence, portés vers l'avenir. Ce brillant industriel de quelques 81 printemps est l'un des hommes les plus riches de l'île. Il a fait de son groupe GBH (Groupe Bernard Hayot), le leader dans la distribution et les concessions automobiles dans la région Caraïbe. Depuis plus de trente ans, il s'investit pour l'art et a désormais trouvé dans ce domaine, acquis en 1986, un moyen de mettre en valeur et d'exposer ses découvertes ou coups de cœur.
Photo: Bernard Hayot se reflétant dans l'œuvre de Jeppe Hein, par Alexia Guggémos
A travers les bananeraies et les champs de canne où des générations d'esclaves y ont consacré leur vie, Bernard Hayot ouvre la voie du tout récent parc de sculptures. Le parcours se dessine. Une douzaine d'œuvres. Parmi lesquelles, les totems de bois brulé de Christian Lapie, le masque souriant en bronze à facettes de Catherine Ikam et Louis Fléri, ou bien les miroirs en trompe l'œil de Jeppe Hein.
Mécène, Bernard Hayot a pour ambition de faire rayonner le patrimoine créole. Son intérêt se porte tout d'abord sur les cartes maritimes et terrestres, avant de prendre goût pour l'art figuratif. "Avec passion, il consacre toute son énergie à aider les artistes", m'a confiée la galeriste Magda Danysz, soutien actif de la fondation. Réjouit par le travail de ses équipes, Bernard Hayot a affirmé: "Peintre de la Caraïbe, Hervé Télémaque est la raison d'être de la Fondation Clément", saluant par ailleurs un accrochage soigné et judicieux, tenant compte du mouvement des œuvres chronologiques, un parcours orchestré par Christian Briend, conservateur au Centre Pompidou.
Pour aller plus loin:Également sur Le HuffPost:Vous pouvez consulter le site de la Fondation Clément.
Lire aussi: * Instagram ouvre ses portes aux étudiants en écoles d'art * Thomas Wattebled, portrait d'un artiste de fond * Gilles Barbier à Marseille: des pions qui raflent l'attention * Pour suivre les dernières actualités en direct sur Le HuffPost, cliquez ici * Tous les matins, recevez gratuitement la newsletter du HuffPost * Retrouvez-nous sur notre page Facebook