Zen veut dire méditer.
Zazen c’est être assis (za) dans la tenue et la forme corporelle les plus justes qui soient pour l’être humain, et ceci, en-deçà des caractéristiques particulières de chacun, par exemple: l'âge, le handicap.
C’est une expérience décisive que d’observer que cette forme vivante - le corps que nous sommes (Leib) - est un mode d’expression de notre vie intérieure. C’est le don du sculpteur que de révéler, à travers son ouvrage; l’état d’esprit, la couleur de la vie intérieure, l’humeur, la disposition affective de son modèle. Souvent j’ai pris le temps d’observer deux sculptures posées côte à côte : le « Penseur » de Rodin et le « Bouddha » pratiquant la méditation.
Le corps vivant (Leib) participe à la connaissance de soi à l’instant; perception de soi immédiate, globale. Il s'agit d'une connaissance de soi qui n’exige pas de faire retour sur soi par la pensée (son enfance, sa relation aux parents, etc.).
Quelle chance que d’avoir été initié et accompagné sur ce chemin de libération du vrai soi-même par un maître. Il m’arrive de penser à Graf Durckheim et à ce qu’il nous proposait comme enseignement au cours de la méditation du matin. Mais aujourd’hui je perçois et reconnaît combien c’était sa manière d’être et de vivre qui était la matière première de son enseignement. Par exemple, il m’a enseigné qu’il est possible de vivre en disposant toujours d’infiniment de temps intérieurement; enseignement qui ne passait pas par des paroles, des discours, des théories mais par sa manière d’être et d’agir.
Nous vivons un moment de l’histoire du monde où tout va de plus en plus vite. S’asseoir dans la tenue juste, dans un bon équilibre entre tension et détente et, tout en exerçant la parfaite immobilité porter son attention sur le va-et-vient du souffle pourrait paraître stérile; certains trouvent cela ... réac ! Mais ce n’est pas le cas. La pratique régulière de la méditation est un chemin de guérison de l’homme contemporain stressé, inquiet, agité, méfiant.
Les intentions de notre vraie nature, de notre être essentiel, se déploient en méditant. Ces intentions innées ne sont autres que le calme intérieur, le silence intérieur, la paix intérieure.
Pratique égoïste, égocentrique, individualiste ? Non. Offrir cette manière d’être inhabituelle à celles et ceux avec qui nous vivons ou travaillons témoigne que le souci des autres n’est pas absent de la pratique méditative.
Jacques Castermane __________________________________________________________________