Incrédules et transparents dans le ciel de janvier, les nuages ne reconnaissent plus l’hiver. Ils s’étirent interdits, se suspendent prudemment aux étendages du ciel et leur fils de soie légère accrochent la course du soleil.
Incrédules et transparents, les nuages balnéairent. Pourtant, ce n’est pas la mer : cette eau métallique coule du rebord de la neige et la berge pavée incise une droite sévère dans le plan découpé de la digue de pierre.
Janvier se meurt et ce n’est pas l’hiver. Les jambes des joggeurs s’étonnent de leur pâleur et sur les bancs, les corps surpris se déshabillent, s’étendent, ferment les yeux pour mieux sentir l’odeur ressuscitée de l’eau mélangée à la terre. Les Sauveteurs ont sorti quatre chaises et ils discutent, un verre à la main, il faudra préparer un pot-au-feu pour demain.
Janvier-sur mer qui fait pousser des feuilles aux arbres et pique les pelouses de taches de fleurs. On dirait la mer mais ce n’est que le lac, et si la neige s’accroche encore un peu sommet des montagnes, le foehn qui s’est levé a fait fondre janvier.